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Rapport d'étude approfondie

Évaluation des effets environnementaux


Évaluation des effets environnementaux

Les sections suivantes présentent une description sommaire de l'environnement biophysique existant dans la région du champ White Rose, en mettant l'accent sur les CVE particulières prises en compte dans l'évaluation (pour un aperçu détaillé des environnements physiques et biologiques existants, voir la partie un de l'Étude approfondie (chapitres 2 et 3) ainsi que le rapport complémentaire). On y présente également un résumé de l'évaluation des effets possibles de chacune des phases du projet et des composantes/activités qui leur sont associées, y compris les mesures d'atténuation, les effets environnementaux résiduels et les mesures de suivi proposées. On trouvera une évaluation détaillée des effets dans la partie un de l'Étude approfondie (chapitres 4 et 5).

4.1 Poissons et habitats du poissons

L'écosystème des Grands Bancs est un système complexe et dynamique, soumis à de nombreuses influences physiques, chimiques, biologiques et anthropiques.

4.1.1 Conditions actuelles

Le plancton est constitué d'organismes qui dérivent plus ou moins au gré des courants, y compris des micro-organismes, des algues, des invertébrés juvéniles et adultes et les oufs et les larves de nombreuses espèces de poissons. Les masses de plancton sont souvent exploitées par les populations de poissons, d'oiseaux marins, de cétacés à fanons et d'autres prédateurs. Le benthos désigne les plantes et les animaux qui vivent sur et sous le fond des océans. Il existe au moins 370 espèces de polychètes, d'échinodermes, de crustacés et de mollusques sur les Grands Bancs (Hutcheson et al., 1981). Les animaux benthiques constituent une source alimentaire importante pour de nombreuses espèces de poissons.

On trouve une grande variété d'espèces de poissons dans la zone du projet White Rose. Toutefois, ces espèces ne sont pas uniques à cette zone puisqu'on en trouve dans d'autres secteurs des Grands Bancs et ailleurs. Parmi les espèces marines qui présentent une importance commerciale dans la zone du projet et dans les régions avoisinantes, on peut mentionner : le crabe des neiges (Chionoecetes opilio), le requin-taupe commun (Lamna nasus), la morue (Gadus morhua), le pétoncle d'Islande (Chlamys islandica), la crevette nordique (Pandalus borealis), la mactre de Stimpton (Mactromeris polynyma), la limande à queue jaune (Limanda ferruginea), le requin-taupe bleu (lsurus oxyrinchus), le flétan noir (Rheinhardtius hippoglossoides), la plie canadienne (Hippoglossoides platessoides), le flétan (Hippoglossus hippoglossus), diverses espèces de sébastes (Sebastes spp .), le capelan (Mallotus villosus), l'espadon (Xiphias gladius), le thon rouge (Thunnus thynnus), le thon obèse (Thunnus obesus), le homard (Homerus americanus), le saumon atlantique (Salmo salar), la plie grise (Glyptocephalus cynoglossus), l'encornet nordique (Illex illecebrosus), l'aiglefin (Melanogrammus aeglefinus), le grenadier (Macrourus spp.) et le hareng (Clupea harengus harengus).

On a également relevé un certain nombre d'autres espèces présentant un potentiel commercial dans cette région : le loup atlantique (Anarhichas lupus), le loup tacheté (Anarhichas minor), diverses espèces de raies (Raja spp.), la baudroie (Lophius americanus), la merluche blanche (Urophycis tenuis) et la plie rouge (Pseudopleuronectes americanus).

En plus de constituer une source majeure de nourriture pour les humains, les poissons jouent un rôle écologique important comme prédateurs et proies d'autres espèces. Par exemple, les lançons (Ammodytes spp.) sont très abondants dans la région de White Rose et constituent une espèce importante au plan écologique.

Pour en savoir plus sur les poissons et sur leurs habitats dans la zone du projet, consulter l'Étude approfondie (partie 1, chapitre 3) et le rapport complémentaire.

4.1.2 Évaluation des effets

4.1.2.1 Opérations normales de mise en valeur (forage et construction)

Les structures liées au projet seront protégées par une zone de sécurité et par une zone de pêche interdite (figure 3.1). La zone de pêche interdite aura une superficie approximative de 15,4 km². Elle pourrait devenir une zone de refuge où les poissons, y compris les espèces commerciales, seront attirés par les structures sous-marines et pourraient former des populations plus denses. Elle favorisera en outre le rétablissement des populations benthiques dans la zone. La concentration des populations locales permettra de compenser, en partie, les effets négatifs de l'interdiction de pêche sur la production des pêcheurs (voir section 5.4).

La plate-forme de forage et les navires d'approvisionnement et d'escorte seront munis de feux de navigation et de feux avertisseurs, les zones de travail et les aires d'atterrissage d'hélicoptères seront illuminées par des projecteurs et les plates-formes de forage pourraient également être équipées de torches. Les poissons risquent d'être attirés par les surfaces illuminées près des navires (Hurley, 1980), mais cet effet sera limité à un petit nombre d'endroits bien délimités et ne devrait pas influer outre mesure sur le taux de mortalité des poissons.

L'habitat benthique sera perturbé pendant l'excavation des entonnoirs souterrains et des tranchées. Toutefois, après la fin des travaux, les zones ainsi perturbées sont rapidement recolonisées. Dans le cadre de sa Politique de gestion de l'habitat du poisson, le MPO exige une quantification des habitats modifiés, perturbés ou détruits ainsi que l'élaboration d'un plan d'indemnisation. Aucune opération de dynamitage sous-marin n'est prévue. Les travaux de construction sous-marins risquent de déplacer temporairement les populations de poissons des environs immédiats, mais ces effets seront négligeables.

Les boues de forage servent à transporter les déblais et à empêcher les fluides de formation d'entrer dans les puits. Toutes les opérations de forage de reconnaissance effectuées dans la zone de White Rose seront réalisées à l'aide de boues à base d'eau ou à base de produits synthétiques. Les promoteurs comptent avoir recours principalement aux boues à base d'eau, mais ils pourraient avoir besoin de boues synthétiques en cas de difficulté ou de forages complexes, ou pour éviter d'endommager la formation dans la section du gisement. Les boues à base d'eau contiennent de l'eau douce ou de l'eau de mer; les composantes des boues synthétiques sont relativement non toxiques (voir GESAMP, 1997). L'élément principal des boues synthétiques est un fluide synthétique non toxique.

À diverses étapes des opérations de forage et à la fin de celles-ci, on procède au rejet des boues à base d'eau en mer. Toutefois, les boues synthétiques sont ramenées à terre aux fins de recyclage ou d'élimination. Les déblais de forage sont extraits des boues grâce à un processus de séparation en plusieurs étapes, et rejetés en mer. Une certaine proportion des boues sont rejetées en même temps. Les boues synthétiques mélangées aux déblais de forage seront traitées conformément aux lignes directrices de l'OCTHE et aux Lignes directrices relatives au traitement des déchets dans la zone extracôtière (ONÉ, OCTHE et OCNHE).

Husky Oil a préparé un rapport intitulé « White Rose Oilfield Comparison of Drill Cuttings Disposal Options » (Husky Oil, 2001c) dans lequel est décrite en détail l'analyse de la faisabilité technique et économique de la réinjection des déblais. L'analyse envisage trois options de gestion des déblais de forage : réinjection, élimination à terre et rejet en mer. Chacune de ces options a fait l'objet d'une analyse technique détaillée. Un modèle économique a servi à évaluer le coût global de chacune d'elles et ses incidences financières sur la valeur du projet et la réduction des redevances versées au Trésor de la province. Une analyse qualitative des effets sur les milieux marin et terrestre est également présentée. On a en outre entrepris une analyse quantitative des émissions atmosphériques de chaque option, en s'appuyant sur les travaux réalisés par Petro-Canada pour le projet Terra Nova. Finalement, on a effectué une analyse intégrée des risques abordant les aspects techniques, économiques et environnementaux des options d'élimination des déblais. Les résultats de cette analyse sont présentés en détail dans le rapport susmentionné et résumés ci-après.

L'analyse a démontré que l'option de la réinjection est techniquement faisable, mais irréalisable au plan économique. Il en va de même pour l'option de l'élimination des déblais à terre.

L'analyse a par ailleurs démontré la faisabilité financière et technique de l'élimination des déblais traités en mer. L'analyse intégrée montre que les risques techniques, financiers et environnementaux de cette option sont faibles, et que le risque économique est modéré. Les risques techniques sont jugés faibles à cause de la simplicité de l'opération et de sa compatibilité avec les activités normales d'exploitation. Les risques environnementaux sont jugés faibles puisque les fluides de forage à base de produits synthétiques sont peu toxiques, et que l'utilisation des techniques les plus avancées permettra de réduire la teneur en pétrole résiduel des déblais de forage.

Selon les résultats de l'analyse détaillée réalisée par Husky Oil, et comparativement aux nombreuses questions techniques et aux obstacles de nature économique qui se posent avec les autres options envisageables, l'élimination en mer des déblais de forage est jugée la plus simple au plan technique, tout en étant de loin la plus économique tant pour le promoteur que pour la province de Terre-Neuve et du Labrador. L'analyse intégrée des risques confirme cette conclusion. En conséquence, la méthode d'élimination recommandée par Husky Oil est celle du traitement des déblais et de leur élimination en mer.

Les promoteurs ont modélisé les effets possibles des rejets afin de déterminer la nature et l'envergure de la ZI en présumant de la complétion du nombre maximal de 25 puits prévus pour le projet White Rose (voir partie un de l'Étude approfondie, section 4.3.1.4). La ZI biologique des déblais de forage ne devrait pas s'étendre au-delà de 500 m de la zone de forage. Dans les cas où on utilise des boues synthétiques, les déblais seront traités pour se conformer aux Lignes directrices relatives au traitement des déchets dans la zone extracôtière (ONÉ, OCTHE, OCNHE). En outre, comme le nombre de forages réalisés chaque année dans la zone de mise en valeur sera limité, les concentrations d'hydrocarbures dans les sédiments demeureront faibles et ne nuiront au benthos que dans une très faible mesure. Au cas peu probable où des poissons deviendraient impropres à la consommation, l'effet serait vraisemblablement limité aux poissons attirés par les structures sous-marines, et donc confinés à la zone de pêche interdite. Les espèces de poissons très mobiles ne risquent pas de rester près des déblais de forage contenant des boues synthétiques résiduelles assez longtemps pour devenir avariées.

Parmi les autres matières liquides et solides liées à la phase de mise en valeur du projet, on peut mentionner : les fluides de complétion, d'obturation et de reconditionnement, le laitier de ciment, le fluide de prévention des éruptions, les eaux de ponts, les fluides servant aux essais hydrostatiques, l'eau de refroidissement, les eaux usées sanitaires et domestiques, d'autres types de déchets, les petits déversements, l'eau de lest, les eaux de cale, et, peut-être, de petites quantités d'eau produite non traitée. La plupart des fluides et des solides seront traités et testés avant d'être rejetés, ou seront récupérés et recyclés ou transportés à terre. Tous les fluides et les solides seront manipulés selon une procédure propre à limiter les déversements accidentels, et des mesures d'intervention en cas d'accident seront prévues (voir partie un de l'Étude approfondie, chapitres 6 et 8). Les effets, sur les poissons et leurs habitats, des fluides et des solides produits pendant la phase de mise en valeur seront négligeables. Les émissions atmosphériques de substances potentiellement dangereuses pendant les opérations de forage de reconnaissance seront faibles et se disperseront rapidement dans l'atmosphère, n'entraînant que des effets négligeables. On n'aura recours au torchage que pendant les opérations d'essais à court terme des puits, pendant le forage.

Les plates-formes de forage et certaines sources mobiles comme les navires d'approvisionnement et les hélicoptères pourraient constituer une source d'agression sonore. Les effets du passage d'un navire d'approvisionnement seront temporaires et comparables à ceux d'un navire de pêche. Comme le son ne se transmet pas facilement de l'air au milieu aquatique, les survols d'aéronefs auront des effets négligeables sur les poissons. Le bruit émis par une plate-forme de forage est beaucoup moins intense, mais plus persistant que celui émis par les sources susmentionnées. Comme les poissons sont souvent attirés par les plates-formes de forage (Stanley et Wilson, 1990; Black et al., 1999), il semble qu'ils puissent s'adapter facilement au bruit qui accompagne les travaux d'exploration extracôtière (Chapman et Hawkins, 1969). Les effets potentiels du bruit pendant la phase de mise en valeur du projet sont aussi jugés négligeables.

4.1.2.2 Opérations normales de production et d'entretien

Le navire PSD et les navires d'approvisionnement resteront sur place pendant toute la période d'exploitation, et une plate-forme de forage sera présente sur les lieux pendant des périodes de durée variable. Pendant cette période, des structures sous-marines seront présentes au fond de l'océan. Les effets de ces structures et de la zone de sécurité pendant la période de production seront semblables à ceux examinés ci-dessus et ayant trait à la phase de mise en valeur, ainsi qu'à ceux des sources lumineuses et des torches. Les structures sous-marines devront faire l'objet de travaux périodiques d'inspection, de nettoyage et d'entretien, ce qui pourrait causer une perturbation de la zone immédiate du fond marin et déranger certains des poissons qui s'y trouvent. Ces effets devraient toutefois être négligeables. Des rejets périodiques de petites quantités de fluides de contrôle non toxiques provenant des vannes de réglage sous-marines n'auront également que des effets négligeables sur la vie marine.

On injectera de l'eau dans le réservoir pour en maintenir la pression et faciliter la récupération du pétrole. L'extraction de ce volume d'eau de mer aura un effet négligeable, limité au zooplancton et aux larves de poissons présentes dans l'eau ainsi utilisée. Une partie de l'eau ainsi injectée pourrait être rejetée avec l'eau produite.

On appelle eau produite l'eau qui provient de la formation et qui est ramenée à la surface avec le pétrole et le gaz. Les installations de traitement de l'eau du navire PSD assureront le traitement de l'eau produite pour en réduire la teneur en pétrole conformément aux lignes directrices actuelles relatives au traitement des déchets dans la zone extracôtière. Le navire PSD sera en mesure de traiter au moins 30 x 10³m³/j d'eau produite. L'eau ainsi traitée conformément aux normes sera rejetée en mer, à environ 3 à 5 m sous la surface. Le modèle de ZI de White Rose indique une ZI irrégulière, variant d'une valeur minimale de 1,8 km pour l'eau produite en hiver à une valeur maximale de 3,6 km à l'automne, avec un axe toujours orienté dans le sens sud-est/sud-ouest (Étude approfondie, partie un, section 4.3.2). L'eau produite sera plus chaude et moins dense que l'eau de mer. La ZI de l'eau plus chaude se limitera à un rayon de 50 m ou moins autour du site de production. Une partie du zooplancton et des larves de poissons pourraient subir un choc thermique au voisinage immédiat de l'effluent, mais cet effet sera négligeable sur l'ensemble des populations locales. L'eau produite pourrait influer sur la qualité de l'eau sur une courte distance, en aval du point de rejet, et nuire ainsi au plancton, mais ces effets seraient limités. Comme elle aura tendance à remonter vers la surface, l'eau produite ne risque pas beaucoup de nuire au benthos. Tout effet direct de l'eau produite sur les poissons et sur leurs habitats sera négligeable.

Outre l'eau produite, les travaux entraîneront également le rejet d'eau de refroidissement, d'eaux de ponts, d'eaux usées domestiques, et peut-être également de petits déversements d'hydrocarbures. Le navire PSD sera équipé de ballasts séparés pour éviter la contamination de l'eau par le pétrole. L'eau de refroidissement pourrait être rejetée à des températures supérieures d'environ 30°C à la température ambiante, et ses effets potentiels sur la vie marine seront négligeables. Les eaux de ponts des plates-formes de forage et du navire PSD et les eaux usées seront traitées avant d'être rejetées. Les ordures et les autres déchets seront transférés à terre pour y être éliminés et n'auront donc aucun effet sur les biotes marins. Les mesures de prévention des déversements font partie intégrante de la conception et de la planification du projet, et des mesures appropriées d'intervention d'urgence seront en vigueur (Étude approfondie, partie un, chapitres 6 et 8).

On n'aura vraisemblablement recours au torchage qu'en cas de détraquement des installations de production. Le navire PSD utilisera le gaz naturel (gaz associé) en guise de source principale de carburant, et les équipements seront choisis et entretenus avec soin pour limiter les émissions de gaz nocif. Tout le gaz produit excédentaire sera réinjecté dans le réservoir. En règle générale, les émissions de substances nocives resteront vraisemblablement limitées et non détectables en dehors du voisinage immédiat du navire PSD. Dans l'ensemble, les effets des émissions atmosphériques de toute source sur les poissons et leurs habitats sont jugés négligeables.

Comme il a été mentionné ci-dessus, les effets des rejets des navires seront négligeables. Les effets des hélicoptères sur l'environnement marin se limitent essentiellement au bruit. Les principales sources sous-marines de bruit pendant la production seront semblables à celles qui existent pendant les travaux de mise en valeur, même si le navire PSD constituera une source supplémentaire de bruit. Dans l'ensemble, les effets potentiels de ce bruit pendant cette phase du projet sur les poissons et leurs habitats seront négligeables, comme en témoigne l'attraction bien connue qu'exercent les installations de production extracôtières sur les poissons. Le transport du pétrole jusqu'aux plus proches routes maritimes ne devrait lui aussi avoir qu'un effet négligeable sur les poissons et leurs habitats.

4.1.2.3 Déclassement

Le site White Rose sera abandonné à la fin de sa période de production et sera restauré pour réduire le plus possible les effets résiduels sur l'environnement. Cette phase entraînera une certaine nuisance pour les populations benthiques. Toutefois, le déclassement signifiera également l'arrêt de toute perturbation liée aux activités du projet. L'effet le plus important sur les poissons sera la levée de l'interdiction de pêche dans la zone, si cette dernière constituait en fait un refuge. En présumant que cette zone fait l'objet d'une pêche commerciale diversifiée, les conditions devraient être rétablies à ce qu'elles étaient avant le début du projet, et on ne devrait observer, dans l'ensemble, aucun effet négatif. Les structures qui, le cas échéant, seront laissées au fond de l'océan auront un effet positif très localisé sur les populations de poissons (effet de récif), à condition d'être protégées contre les chalutiers.

4.1.2.4 Accidents

Deux types d'accidents nuisibles à l'environnement risquent de survenir pendant le projet de mise en valeur du champ White Rose : les éruptions et les déversement ponctuels. Les éruptions sont des déversements continus qui peuvent durer des heures, des jours ou des semaines et qui peuvent entraîner le rejet de volumes importants de gaz de pétrole dans l'atmosphère et de pétrole brut dans les eaux environnantes. Elles peuvent survenir pendant les opérations de forage de reconnaissance, de complétion des puits et de reconditionnement, et pendant diverses activités liées à la production. Les déversements ponctuels sont des déversements instantanés ou de courte durée qui peuvent survenir accidentellement sur le navire PSD pendant le stockage et la manutention du pétrole, ou pendant le transbordement dans les pétroliers-navettes. L'évaluation environnementale a pris en compte la vraisemblance de tels accidents, les mesures d'intervention et les effets environnementaux potentiels.

Les probabilités de déversements de divers types et de diverses ampleurs ont été calculées pour le projet White Rose à partir des statistiques historiques mondiales. Il va sans dire que la probabilité de petits déversements, principalement ceux dus aux transbordements de carburant ou de pétrole brut, est beaucoup plus élevée que celle des déversements importants ou très importants. Les petits déversements de moins de 50 barils risquent de survenir à tous les cinq ans environ, et les volumes moyens rejetés sont inférieurs à 10 barils. Les déversements de moins de 1 baril (159 L) risquent d'être plus fréquents que ceux variant de 1 à 49 barils (159 à 7 790 L). Ces déversements sont habituellement sans grande conséquence. Husky Oil fera tout en son pouvoir pour éviter les déversements, et applique une politique de tolérance zéro à cet égard. Husky Oil met avant tout l'accent sur la prévention, mais si de petits déversements surviennent, son personnel et ses équipements seront disponibles pour y faire face. Pour en savoir plus sur les mesures d'intervention en cas de déversement, voir la partie un de l'Étude approfondie (chapitre 6).

La probabilité d'un déversement important est très faible. Les déversements importants causés par les plates-formes (plus de 1 000 barils) ont une probabilité d'environ 0,5 % pour la période totale de durée du projet (probabilité annuelle de 1 sur 2 600), tandis que la probabilité des très grands déversements à partir d'une plate-forme (plus de 10 000 barils) s'établit à 0,2 % (probabilité annuelle de 1 sur 7 100). Sur les trois années de forage de reconnaissance, les risques d'un déversement très grand (plus de 150 000 barils) ou grand (plus de 10 000 barils) dû à une éruption s'établissent à environ 0,08 % (probabilité annuelle de 1 sur 3 800) et à 0,16 % (probabilité annuelle de 1 sur 1 900) respectivement, tandis que les probabilités d'une éruption similaire pendant la production et le reconditionnement s'établissent à 0,14 % (probabilité annuelle de 1 sur 9 300) et à 0,35 % (probabilité annuelle de 1 sur 3 700) respectivement. La probabilité d'un déversement survenant pendant le chargement d'un pétrolier au cours de la durée totale du projet s'établit historiquement à environ 30 % (probabilité annuelle de 1 sur 43). L'ampleur d'un tel déversement serait vraisemblablement relativement faible, et limitée aux fluides du système de déchargement. On peut raisonnablement s'attendre à des fréquences beaucoup plus faibles, dans le cas du projet White Rose, que celles présentées ci-dessus compte tenu des améliorations sensibles apportées à la technologie et aux pratiques au cours des récentes années et du fait que les exigences réglementaires liées à la prévention des déversements de pétrole dans les zones canadiennes d'exploitation extracôtières comptent parmi les plus rigoureuses du monde. Pour en savoir plus sur les données historiques utilisées et sur les nombres prévisibles d'éruptions et de déversements pour le projet, consulter l'Étude approfondie (partie un, chapitre 5).

Les promoteurs comptent intégrer la prévention des déversements dans la conception et l'exploitation du projet White Rose. Tous les systèmes, structures, procédures et programmes extracôtiers seront conçus afin d'éviter toute perte d'hydrocarbures. Parmi les mesures envisageables à cette fin, on peut mentionner la conception des équipements et des installations (p. ex. systèmes de prévention des éruptions, navires à double coque), l'entretien et les essais réguliers visant l'ensemble des aspects du programme de production, l'utilisation de bons systèmes de communication et de bonnes pratiques de navigation, l'inspection et la vérification régulières de la plate-forme extracôtière et la sensibilisation des employés. Les promoteurs feront également toute la planification, la formation et tous les exercices nécessaires afin de réagir d'une façon appropriée en cas de déversement pour toutes les étapes du projet. L'intervention d'urgence en cas de déversement fera partie intégrante de la planification d'urgence mise en ouvre pour le projet White Rose (voir section 4.4.2 du présent rapport). Pour en savoir plus sur les mesures de prévention des déversements envisagées par les promoteurs et sur leurs moyens d'intervention, consulter l'Étude approfondie (partie un, chapitres 5 et 6).

Malgré le caractère peu vraisemblable d'un tel accident, le devenir et le comportement des gros déversements accidentels d'hydrocarbures qui risquent de survenir au cours de l'exécution du projet White Rose ont également été pris en compte dans le cadre de l'évaluation environnementale. On a étudié les propriétés du pétrole (déterminées grâce à des analyses en laboratoire) et procédé à la modélisation informatique/mathématique de six scénarios de déversements importants et de leurs trajectoires afin d'évaluer les risques de pollution des côtes que pourrait présenter la mise en valeur du champ White Rose (Étude approfondie, partie un, section 5.8).

Certains des pétroles bruts des Grands Bancs, y compris le pétrole du champ White Rose, ne se comportent pas comme des pétroles classiques à cause de leur teneur en paraffine. Le pétrole du champ White Rose serait très rémanent, mais il aurait en même temps tendance à former des particules, des amas et des plaques ménageant des zones d'eaux libres, plutôt que des nappes continues. Le comportement du pétrole déversé varierait en fonction du type, de l'importance et du moment du déversement. Tout déversement sera transporté par les courants et par le vent jusqu'à ce qu'il se disperse très lentement dans l'eau et se diffuse à la surface jusqu'à atteindre de faibles concentrations, ou entre en contact avec les terres émergées. Sur les 14 600 trajectoires modélisées en utilisant les informations sur le vent et les courants, aucune n'a prédit qu'un déversement provenant du site de White Rose n'atteindrait le rivage. Les données sur les trajectoires ont également servi à déterminer la probabilité qu'une nappe de pétrole n'atteigne tout endroit donné des Grands Bancs (sur une base mensuelle). Les informations concernant la distribution spatiale et temporelle prévisible du pétrole déversé sont présentées, dans le présent rapport, en fonction de CVE spécifiques (le cas échéant), et reprises en détail dans l'Étude approfondie (partie un, section 5.8). On procède, pour chaque scénario de déversement important, à l'évaluation des effets.

Au cas peu vraisemblable où une éruption ou un déversement important surviendrait, les poissons juvéniles et adultes éviteraient probablement la zone atteinte (Irwin, 1997). En cas d'accident, les effets prévisibles des déversements sur les poissons sont donc jugés négligeables à faibles, puisque les poissons éviteront en général les zones polluées. Des oufs et des larves pourront toutefois être touchés s'ils entrent en contact avec des concentrations suffisamment élevées de pétrole dissous. Cette conclusion est conforme aux résultats des évaluations environnementales réalisées pour les projets Hibernia (Mobil, 1985) et Terra Nova (Petro-Canada, 1995), qui ont conclu que ni les déversements en surface ni les éruptions sous-marines ne présentaient de risques sensibles pour les stocks de poissons pélagiques ou démersaux.

On présente dans l'Étude approfondie (partie un, chapitres 4 et 5) une évaluation plus détaillée des effets environnementaux possibles du projet sur les poissons et sur leurs habitats. Les répercussions possibles, sur les activités de pêche, de tout effet sur les poissons et leurs habitats sont examinées à la section 5.4 du présent rapport. Le tableau 4.1 résume les effets environnementaux possibles des phases de mise en valeur, de production et de déclassement du projet sur les poissons et leurs habitats.

Tableau 4.1 : Résumé de l'évaluation des effets - Poissons et habitats du poisson

Activité Effet environnemental positif (P) ou négatif (N) potentiel Atténuation Critères d'évaluation des effets environnementaux
Ampleur Envergure Fréquence Durée Réversibilité Contexte écologique/ socioculturel et économique
Mise en valeur
Présence de structures
Zone de pêche interdite Refuge pour la faune piscicole (P)   1 3 6 3 R 1
Effet de récif artificiel Nourriture et abris (P)   1 2 6 3 R 1
Structures sous-marines S.O. S.O. S.O. S.O. S.O. S.O. S.O. S.O.
Lumières et torches Attraction (N)   0 1 6 3 R 1
Construction sous-marine Nourriture benthique (N) Pas de dynamitage 0 1 1 3 R 1
Boues/déblais de forage
Boues à base d'eau Contamination (N); modification de l'habitat  Recyclage des boues; traitement et rejet des déblais 0 1 2 3 R 1
Boues synthétiques Contamination (N); modification de l'habitat Recyclage des boues; traitement et rejet des déblais 0 1 2 3 R 1
Autres fluides et solides
Complétion, obturation et reconditionnement Contamination (N) Recyclage 0 1 2 3 R 1
Ciment Effet négligeable   0 1 1 3 R 1
Prévention des éruptions Contamination (N) Recyclage 0 1 2 3 R 1
Fluides d'essais hydrostatiques Contamination (N)   0 1 1 1 R 1
Eau de refroidissement Croissance (P); choc (N)   0 1 6 3 R 1
Eaux de ponts Contamination (N) Traitement 1 1 2 3 R 1
Eaux de cale Contamination (N) Traitement 0 1 2 3 R 1
Eaux usées domestiques Alimentation plus abondante (P); contamination (N) Traitement 0 1 6 3 R 1
Déchets Aucune interaction S.O.            
Émissions atmosphériques Qualité de l'eau (N) Conception de l'équipement 0 2 6 3 R 1
Navires et embarcations Nuisance (N)   0 1 4 3 R 1
Hélicoptères Nuisance (N)   0 1 5 3 R 1
Bruit
Plates-formes de forage Nuisance (N)   0 2 6 3 R 1
Navires de soutien Nuisance (N)   0 2 6 3 R 1
Hélicoptères Nuisance (N)   0 1 5 3 R 1
Installations côtièresa S.O. S.O.            
Production
Présence de structures
Zone de pêche interdite Refuge pour la faune piscicole (P)   1 3 6 5 R 1
Effet de récif artificiel Nourriture et abris (P)   1 2 6 5 R 1
Structures sous-marines S.O. S.O. S.O. S.O. S.O. S.O. S.O. S.O.
Structures en surface Abris (P)   0 1 6 5 R 1
Lumières et torches Attraction (N)   0 1 6 5 R 1
Entretien sous-marin Sources d'aliments (N) Choix des matériaux/Méthodes 0 1 1 5 R 1
Eau d'injection Contamination (N) Plan de sécurité 0 1 1 5 R 1
Eau produite Contamination (N) Traitement 1 2 6 5 R 1
Eau de lest rejetée S.O. S.O. S.O. S.O. S.O. S.O. S.O. S.O.
Eau de refroidissement Croissance (P); choc (N)   0 1 6 5 R 1
Eaux de ponts Contamination (N) Traitement 0 1 6 5 R 1
Eaux usées domestiques Alimentation plus abondante (P); contamination (N) Traitement primaire 0 1 6 5 R 1
Émissions atmosphériques Qualité de l'eau (N) Conception de l'équipement 0 2 6 5 R 1
Navires et embarcations Nuisance (N)   0 1 4 5 R 1
Hélicoptères Nuisance (N)   0 1 4 5 R 1
Bruit
Navire PSD Nuisance (N)   0 2 6 5 R 1
Navires de soutien Nuisance (N)   0 2 6 5 R 1
Hélicoptères Nuisance (N)   0 1 4 5 R 1
Installations côtièresa S.O. S.O.            
Déclassement
Déclassement des installations extracôtières Disparition du refuge et du récif artificiel (N);   1 1 6 5 R 2
Arrêt des nuisances (P);    1 1 6 5 R 2
Arrêt de la contamination (P)   1 1 6 5 R 2
Abandon Pas d'effets Enlèvement du matériel sous-marin  S.O. S.O. S.O. S.O. R 2
Accidents
Déversements ou éruptions Effets sur la santé (N) Plan d'urgence; formation; préparation; inventaire; prévention 0-1 5-6 <1 2 R 1
Légende pour la tableau 4.1
Ampleur 0 = Négligeable, essentiellement sans effet
1 = Faible
2 = Moyenne
3 = Grande
Envergure 1 = < 1 km²
2 = 1-10 km²
3 = 11-100 km²
4 = 101-1 000 km²
5 = 1 001-10 000 km²
6 = > 10 000 km²
Fréquence 1 = < 11 événements/a
2 = 11-50 événements/a
3 = 51-100 événements/a
4 = 101-200 événements/a
5 = > 200 événements/a
6 = Continue
Durée 1 = < 1 mois
2 = 1-12 mois
3 = 13-36 mois
4 = 37-72 mois
5 = > 72 mois
Réversibilité
(s'agissant des populations)
R = Réversible
I = Irréversible
Contexte écologique/socioculturel et économique 1 = Région relativement vierge, ou exempte d'effets anthropiques négatifs
2 = Signes d'effets négatifs
S.O. = Sans objet

a Aucune nouvelle installation côtière ne sera requise. Les infrastructures existantes suffiront.

Exception faite des effets positifs possibles de la présence des structures, les effets résiduels des diverses activités liées aux phases de mise en valeur et de production du projet sur les poissons et leurs habitats sont jugés nuisibles, mais non significatifs. Les effets résiduels, sur les poissons et leurs habitats, d'un éventuel déversement ou d'une éruption accidentelle seraient également négatifs, mais non significatifs. Les effets environnementaux résiduels prévisibles du déclassement du projet sont positifs.

4.1.2.5 Effets cumulatifs

L'évaluation environnementale prend également en compte la combinaison possible des effets propres au projet, et leur combinaison avec ceux d'autres projets de mise en valeur des ressources pétrolières (Hibernia, Terra Nova), des activités d'exploration actuelles et futures, du transport maritime et des pêches. Tel qu'il est mentionné ci-dessus, on prévoit que le projet n'aura pas d'incidences significatives sur les poissons ni sur leurs habitats. Les effets cumulatifs prévisibles des activités de chacune des phases du projet White Rose sont également jugés non significatifs pour cette CVE, tout comme les effets globaux du projet dans son ensemble.

D'une manière générale, les activités diverses liées aux trois projets de mise en valeur des ressources pétrolières extracôtières des Grands Bancs (rejet des déblais de forage, eau produite, bruit) et des activités d'exploration prévues auront des effets similaires sur l'environnement biophysique, qui se distingueront par leur ampleur et leur durée. Les effets de chacune de ces phases et de ces activités ont toutefois été jugés non significatifs. Les activités d'exploration et de mise en valeur des ressources pétrolières ne devraient pas avoir d'effets cumulatifs significatifs sur cette CVE, et les populations de poissons et leurs habitats se rétabliront vraisemblablement en quelques années de toute nuisance causée par les activités de mise en valeur des Grands Bancs telles qu'elles sont envisagées à l'heure actuelle. Les zones de pêche interdite créées aux fins des projets auront un effet positif sur les populations de poissons, mais nuiront à la pêche. Toutefois, à long terme, ces effets pourraient s'annuler ou même déboucher sur un bilan positif.

Les Grands Bancs font l'objet d'une pêche commerciale importante et diversifiée, qui a influé sur les populations de poissons de la zone. À condition que les organisations responsables pratiquent une gestion durable des ressources halieutiques, les effets cumulatifs de la pêche et des activités de mise en valeur des ressources pétrolières extracôtières sur les poissons et sur leur habitat ne seront pas significatifs.

Les projets de mise en valeur des ressources pétrolières extracôtières auront tous une incidence sur le trafic maritime, tout comme les activités d'exploration sur les Grands Bancs. Ces activités auront pour effet d'augmenter le trafic des navires-citernes. Dans l'ensemble, les activités cumulatives de navigation liées à la mise en valeur des ressources pétrolières des Grands Bancs, y compris les projets White Rose, Hibernia, Terra Nova et les activités d'exploration prévisibles représenteront probablement moins de 25 % du trafic international total sur les Grands Bancs, et moins de 3 %, si on tient compte du trafic intérieur et des bateaux de pêche (Étude approfondie, partie un, section 4.3.4.3). Dans l'ensemble, l'effet cumulatif de la circulation des navires utilisés pour l'exploitation du pétrole des Grands Bancs sur les poissons et leurs habitats sera négligeable et non significatif.

4.2 Oiseaux marins

4.2.1 Conditions actuelles

Les Grands Bancs et la côte sud-est de Terre-Neuve sont des zones très importantes pour plus de 60 espèces d'oiseaux marins (tableau 4.2). Environ 18 des quelque 60 espèces présentes sont pélagiques (c'est-à-dire, qu'elles vivent ou se nourrissent sur l'eau), et neuf d'entre elles nichent dans la région. Il existe plusieurs millions de ces oiseaux nicheurs, ainsi que des millions de visiteurs annuels qui viennent se nourrir sur les Grands Bancs. En outre, une vaste gamme d'espèces côtières, dont les goélands, les sternes, les cormorans, les oiseaux aquatiques et les oiseaux de rivage fréquentent les zones côtières de la région. Les oiseaux marins se nourrissent d'une variété de proies, y compris le capelan, les copépodes, les amphipodes et l'encornet nordique. Des espèces différentes cherchent leur nourriture à des profondeurs d'eau différentes.

Il existe en outre dans la zone ou dans son voisinage plusieurs espèces en danger de disparition ou menacées, dont l'arlequin plongeur (Histrionicus histrionicus), le pluvier siffleur (Charadrius melodus), la mouette blanche (Pagophila eburnea), le puffin des Anglais (Puffinus puffinus) et la mouette rieuse (Larus ridibundus).

Pour en savoir plus sur les oiseaux marins, consulter l'Étude approfondie (partie un, chapitre 3).

4.2.2 Évaluation des effets

4.2.2.1 Opérations normales de mise en valeur (forage et construction)

La présence de navires (dont la plate-forme de forage semi-submersible) et d'autres embarcations participant à la phase de mise en valeur du projet pourrait déranger les oiseaux marins. Les oiseaux nocturnes (p. ex. océanites) pourraient être attirés par les sources lumineuses des installations extracôtières et risqueraient peut-être d'être incinérés par les torches (Avery et al., 1978; Bourne, 1979; Sage, 1979). On aura peut-être recours au torchage pendant la phase de développement, mais ces opérations seront limitées à de courtes périodes, et la chaleur et le bruit produits empêcheront peut-être les oiseaux marins de s'approcher. On s'efforcera, dans la mesure du possible, de rescaper les oiseaux marins échoués sur les navires et sur les autres structures extracôtières et de les relâcher, pendant la nuit, dans un endroit peu éclairé. La présence de lumières sur les plates-formes de forage et les navires d'approvisionnement et les activités de torchage auront des effets de faible d'ampleur pendant cette phase du projet.

Tableau 4.2 : Oiseaux marins recensés dans la zone d'étude

Tableau 4.2: Oiseaux marins recensés dans la zone d'étude

¹ Espèce nichant sur la côte, dans la zone d'étude.
? Espèce qui pourrait nicher sur la côte, dans la zone d'étude
(Tiré de : Mobil, 1985)

Les rejets de déblais de forage auront un effet négligeable sur les oiseaux. Les rejets tombent au fond de la mer et risquent donc peu de nuire aux activités des oiseaux à la surface. Les boues synthétiques seront recyclées ou réutilisées pour être finalement éliminées à terre. Les rejets de fluides de complétion, d'obturation et de reconditionnement traités n'auront que des effets négligeables sur les oiseaux puisque leurs teneurs en pétrole sont réduites à des niveaux très faibles, que les acides qu'ils contiennent sont neutralisés et que les volumes rejetés sont très limités. De la même façon, le fluide de prévention des éruptions aura des effets négligeables sur les oiseaux de mer du fait de sa faible toxicité (mélange de glycol et d'eau). Les fluides d'essais hydrostatiques seront immédiatement dilués lors de leur rejet, et les effets de l'eau de refroidissement seront négligeables à cause des faibles volumes rejetés et de la nature fort localisée de l'effet thermique éventuel. Il n'y aura aucune interaction entre les piles de ciment immergées et les oiseaux marins.

Les autres fluides comme les eaux de ponts et de cale seront traités (ou dilués), recyclés ou rejetés sous la surface de l'eau. Les eaux usées domestiques seront traitées avant d'être rejetées, mais il existe un risque que des oiseaux de mer (surtout des goélands) soient attirés par ces sources de nourriture et qu'on observe donc une augmentation de la prédation sur les espèces d'oiseaux de mer plus petites attirées par les structures extracôtières. L'importance d'un tel effet sera cependant limitée. Les émissions atmosphériques pourraient, théoriquement, nuire à la santé de certains oiseaux marins, mais cet effet devrait lui aussi être négligeable à cause des faibles volumes de matières potentiellement nocives qui seront émis et de leur dispersion rapide dans l'atmosphère, à des niveaux non détectables.

La circulation des embarcations et des aéronefs près des colonies d'oiseaux marins pourrait déranger et nuire à la productivité de ces sites. Toutefois, l'ampleur de ces effets varierait de négligeable à faible. Les navires ne s'approcheront jamais à moins de 2 km de toute colonie d'oiseaux marins. Les aéronefs maintiendront, dans la mesure du possible, une altitude minimale de 600 m, éviteront les colonies d'oiseaux et éviteront également de survoler continuellement les zones de concentration des oiseaux et les habitats importants. Les oiseaux marins sont souvent attirés par les structures extracôtières et les navires, et ne sont habituellement pas dérangés par le bruit industriel dans l'air. Les oiseaux passent relativement peu de temps sous l'eau et ne devraient pas être dérangés par le bruit sous-marin.

4.2.2.2 Opérations normales de production et d'entretien

Les oiseaux marins ont tendance à être attirés par les plates-formes extracôtières comme le navire PSD qui sera utilisé pendant la phase d'exploitation. Ce phénomène est dû, par exemple, à l'augmentation du nombre de proies disponibles à cause des récifs artificiels et de l'interdiction de pêche, à la possibilité offerte aux oiseaux de se poser sur les structures et aux déchets rejetés par les humains. Toutefois, dans l'ensemble, les effets de la présence physique des navires et des structures sur les oiseaux marins pendant l'exploitation devraient être de faible importance. S'agissant de la phase de développement, la présence d'éclairages artificiels aurait également peu d'effets. Les activités sous-marines d'entretien ne nuiront pas aux oiseaux marins.

L'eau mazouteuse traitée contenue dans l'eau produite aura des effets négligeables sur les oiseaux. Le panache sera étroit et sinueux, et même si certains oiseaux risquent d'entrer en contact avec le produit, ce dernier sera dilué. Les autres produits rejetés comme l'eau de refroidissement, les eaux de ponts et de cale et les émissions atmosphériques auront également des effets négligeables sur les oiseaux, pendant la phase de développement. Les rejets d'eaux usées domestiques risquent d'attirer certains oiseaux et de conduire à une augmentation de la prédation, mais ici encore, ces effets seront de peu d'importance. Les sources principales et les effets possibles du bruit sous-marin pendant la phase d'exploitation seront essentiellement les mêmes que pendant la phase de développement du projet. Le bruit produit par le navire PSD aura des effets négligeables sur les oiseaux marins. Certaines espèces seront attirées par la lumière, et certaines éviteront le bruit produit par la structure. Les effets directs sur les autres espèces sont peu vraisemblables puisque les oiseaux marins sont très mobiles et peuvent facilement éviter le navire PSD stationnaire.

4.2.2.3 Déclassement

Le site White Rose sera abandonné et restauré à des conditions proches de son état naturel à la fin de la période de production, afin de limiter les effets résiduels potentiels sur l'environnement. L'augmentation du trafic maritime pendant les travaux de démantèlement des installations pourrait déranger les oiseaux marins, mais ces travaux seront de courte durée et auront un effet négligeable. Par ailleurs, l'arrêt des activités dans la zone du projet aura un effet positif global sur les populations d'oiseaux marins.

4.2.2.4 Accidents

Les accidents provoquant des déversements importants de pétrole pourraient avoir de sérieux effets sur les oiseaux marins. En conséquence, il est essentiel de mettre en place des procédures, des pratiques et des technologies de prévention rigoureuses afin d'éviter de tels accidents. Malgré la probabilité extrêmement faible d'un déversement important ou d'une éruption (voir section 4.1.2.4), les répercussions d'un tel accident sur les oiseaux marins seraient très sérieuses. Le contact direct avec des hydrocarbures est extrêmement nocif pour les oiseaux; la plupart de ceux qui viennent en contact avec une nappe d'hydrocarbures ne survivent pas (Frink et White, 1990; Fry, 1990). Comme les populations d'oiseaux présents sur les Grands Bancs sont très denses, tout déversement ou toute éruption pourrait causer une certaine mortalité qui, dans le pire des scénarios, pourrait atteindre des proportions considérables. Il n'existe pas de corrélation nette entre la taille d'un déversement d'hydrocarbures et le nombre d'oiseaux marins tués (Burger, 1993). La densité des oiseaux présents dans une zone de déversement, la vitesse et la direction du vent, l'action des vagues et la distance par rapport au rivage pourraient avoir une plus grande incidence sur le taux de mortalité que la taille du déversement (Burger, 1993).

Tel qu'il est mentionné précédemment, la probabilité d'un déversement important est très faible et aucun des très nombreux modèles de déversement testés n'a prédit de pollution des rives (Étude approfondie, partie un, section 5.8). Par conséquent, il est hautement improbable que du pétrole brut accidentellement déversé au site White Rose n'atteigne des colonies d'oiseaux marins dans la zone d'étude. Compte tenu de la nature du pétrole brut de White Rose et de sa teneur en paraffine, tout déversement aura tendance à persister, mais il formera des particules, des amas et des plaques, plutôt qu'une nappe continue.

Les oiseaux marins ont tendance à être attirés par les structures extracôtières et risquent donc d'être exposés, dans le cas peu probable d'un rejet accidentel de pétrole au site White Rose. Pendant l'été, les puffins, les goélands, les mouettes, les océanites et les fulmars seraient les espèces les plus exposées au pétrole près du point de rejet. Les modèles de dispersion des déversements de pétrole prédisent un déplacement vers l'est et le sud-est par rapport au site White Rose (Étude approfondie, partie un, section 5.8). Le risque d'un déplacement du pétrole déversé vers le centre et l'ouest des Grands Bancs est faible. Toutefois, en mai et en juin, il y aurait un risque accru (quoique toujours relativement faible) de transport du pétrole déversé le long des limites sud-ouest des Grands Bancs. Le pétrole n'atteindrait probablement pas le haut-fond du sud-est et ne risquerait donc pas de présenter une menace pour les populations importantes de puffins majeurs et d'océanites de Wilson et les petites populations de puffins fuligineux qui muent et s'alimentent dans cette région en été. Pendant l'hiver, un déversement important ou une éruption survenant au site de White Rose pourrait entraîner la mort d'un nombre considérable d'alcidés, et principalement de guillemots de Brünnich et de mergules nains. On ignore l'emplacement exact des aires d'hivernage de ces espèces, qui peut varier d'une année à l'autre. Il est possible qu'une nappe de pétrole recouvre une portion substantielle de ces aires d'hivernage et qu'elle touche ainsi à un grand nombre de ces oiseaux.

Selon le moment de l'année, les endroits où se trouvent les oiseaux marins dans la région et le type de déversement ou d'éruption, les effets d'un accident pourraient varier de faibles à très élevés, avoir une envergure pouvant atteindre jusqu'à 10 000 km² tant pour les déversements en surface que pour les éruptions sous-marines, et durer de 1 à 12 mois. Ainsi, malgré sa probabilité très faible, tout déversement important ou toute éruption survenant au site de White Rose pourrait avoir des effets négatifs importants sur les oiseaux marins de la région.

On présente une évaluation plus détaillée des effets environnementaux possibles du projet sur cette CVE à la partie un de l'Étude approfondie (chapitres 4 et 5). Les effets potentiels des diverses phases du projet et des événements accidentels sur les oiseaux marins sont résumés dans le tableau 4.3.

Tableau 4.3 : Résumé de l'évaluation des effets - Oiseaux marins

Activité Effet environnemental positif (P) ou négatif (N) potentiel Atténuation Critères d'évaluation des effets environnementaux
Ampleur Envergure Fréquence Durée Réversibilité Contexte écologique/ socioculturel et économique
Mise en valeur
Présence de structures
Zone de pêche interdite Aucune interaction S.O.            
Structures sous-marines Aucune interaction S.O.            
Lumières Attraction (N) Remise en liberté des oiseaux échoués 1 2 6 3 R 1
Torches Mortalité (N)   1 2 1 3 Ia 1
Construction sous-marine Aucune interaction S.O.            
Boues/déblais de forage
Boues à base d'eau Effets sur la santé (N) Recyclage des boues; traitement et rejet des déblais 0 1 2 3 R 1
Boues synthétiques Effets sur la santé (N) Recyclage des boues; traitement et rejet des déblais 0 1 2 3 R 1
Autres fluides et solides
Complétion, obturation et reconditionnement Effets sur la santé (N) Recyclage 0 1 2 3 R 1
Ciment Aucune interaction S.O.            
Prévention des éruptions Effets sur la santé (N) Recyclage 0 1 2 3 R 1
Fluides d'essais hydrostatiques Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 1 3 R 1
Eau de refroidissement Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 6 3 R 1
Eaux de ponts Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 2 3 R 1
Eaux de cale Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 2 3 R 1
Eaux usées domestiques Alimentation plus abondante (P); augmentation de la prédation (N) Traitement primaire 1 2 6 3 R 1
Déchets Aucune interaction S.O.            
Émissions atmosphériques Effets sur la santé (N) Conception de l'équipement 0 1 6 3 R 1
Navires et embarcationsb Nuisance (N) Éviter les colonies 0 4 6 3 R 1
Hélicoptèresb Nuisance (N); mortalité (N) Éviter les colonies; pas de survols répétés de populations importantes d'oiseaux 1 4 4 3 R 1
Bruit
Plates-formes de forage Nuisance (N)   0 2 6 3 R 1
Navires de soutien Nuisance (N) Éviter les colonies 0 4 6 3 R 1
Hélicoptères Nuisance (N); Mortalité (N) Éviter les colonies; pas de survols répétés des populations importantes d'oiseaux 1 4 4 3 R 1
Installations côtières                
Production
Présence de structures
Zone de pêche interdite Alimentation plus abondante (P)   1 3 6 5 R 1
Effet de récif artificiel Alimentation plus abondante (P)   1 2 6 5 R 1
Structures sous-marines Aucune interaction S.O.            
Structures en surface Attraction (N); mortalité (N) Remise en liberté des oiseaux échoués 0-1 2 6 5 R 1
Lumières Attraction (N) Remise en liberté des oiseaux échoués 1 2 6 5 R 1
Torches Mortalité (N)   1 2 1 5 Ia 1
Entretien sous-marin Aucune interaction S.O.            
Eau d'injection Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 6 5 R 1
Eau produite Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 6 5 R 1
Eau de lest rejetée Aucune interaction S.O.            
Eau de refroidissement Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 6 5 R 1
Eaux de ponts Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 2 5 R 1
Eaux de cale Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 2 5 R 1
Eaux usées domestiques Alimentation plus abondante (P); augmentation de la prédation (N) Traitement primaire 1 2 6 5 R 1
Déchets Aucune interaction S.O.            
Émissions atmosphériques Effets sur la santé (N) Conception de l'équipement 0 1 6 5 R 1
Navires et embarcationsb Nuisance (N) Éviter les colonies 0 4 6 5 R 1
Hélicoptèresb Nuisance (N);Mortalité (N) Éviter les colonies; pas de survols répétés des populations importantes d'oiseaux 1 4 4 5 R 1
Bruit
Navire PSD Nuisance (N)   0 2 6 5 R 1
Navires de soutien Nuisance (N) Éviter les colonies 0 4 6 5 R 1
Hélicoptères Nuisance (N);Mortalité (N) Éviter les colonies; pas de survols répétés des populations importantes d'oiseaux 1 4 4 5 R 1
Installations côtièresc                
Déclassement
Installations extracôtières Arrêt des nuisances (P); réduction de la mortalité et des risques pour la santé (P)   1 1 3 2 R 2
Installations côtièresc                
Accidents
Déversements de pétrole ou éruptions Mortalité (N) Plan d'urgence; formation; prévention; nettoyage 1-3 5-6 <1 2 Ia 1
Légende pour la tableau 4.3
Ampleur 0 = Négligeable, essentiellement sans effet
1 = Faible
2 = Moyenne
3 = Grande
Envergure 1 = < 1 km²
2 = 1-10 km²
3 = 11-100 km²
4 = 101-1 000 km²
5 = 1 001-10 000 km²
6 = > 10 000 km²
Fréquence 1 = < 11 événements/a
2 = 11-50 événements/a
3 = 51-100 événements/a
4 = 101-200 événements/a
5 = > 200 événements/a
6 = Continue
Durée 1 = < 1 mois
2 = 1-12 mois
3 = 13-36 mois
4 = 37-72 mois
5 = > 72 mois
Réversibilité
(s'agissant des populations)
R = Réversible
I = Irréversible
Contexte écologique/socioculturel et économique 1 = Région relativement vierge, ou exempte d'effets anthropiques négatifs
2 = Signes d'effets négatifs
S.O. = Sans objet

aEffets sur les sujets irréversibles, mais effets sur les populations vraisemblablement réversibles.
bEn tenant compte des effets du bruit.
cAucune nouvelle installation côtière ne sera requise. Les infrastructures existantes suffiront.

Les effets environnementaux résiduels, sur les oiseaux marins, des activités liées aux phases de développement et d'exploitation seront négatifs, mais non significatifs, et les effets du déclassement du projet seront positifs. Malgré leur faible probabilité, les effets résiduels d'un déversement important ou d'une éruption sur cette CVE seraient négatifs et significatifs. Les mesures de prévention et de planification de l'intervention d'urgence prévues par les promoteurs réduiront encore la probabilité de tels accidents ainsi que les effets d'un éventuel déversement.

4.2.2.5 Effets cumulatifs

Les effets cumulatifs des diverses activités prévues dans le cadre des phases de développement, d'exploitation et de déclassement du projet White Rose ne seront pas significatifs pour les oiseaux marins; il en sera de même pour l'effet global du projet. Les trois projets de mise en valeur des ressources pétrolières extracôtières (Hibernia, Terra Nova et White Rose) auront des effets similaires sur les oiseaux marins et certains types de nuisance, comme la présence de lumière et de bruit, découleront en outre des activités d'exploration, du transport maritime et de la pêche commerciale sur les Grands Bancs. Toutefois, les effets cumulatifs de ces projets sur cette CVE sont également jugés non significatifs. La chasse légale et illégale constitue une des sources de stress pour les populations d'oiseaux marins de la région. L'effort de chasse, à Terre-Neuve, porte principalement sur le guillemot de Brünnich (aussi connu, sur place, sous le nom de marmette). Toutefois, une portion seulement de cette population qui se trouve au large et qui subira l'interaction des activités d'exploitation et d'exploration sera également exposée aux pressions de la chasse à terre. Les effets cumulatifs du projet de mise en valeur du champ White Rose combinés aux pressions de la chasse et des autres activités de développement des Grands Bancs ne devraient pas être significatifs.

4.3 Mammifères marins et tortues de mer

4.3.1 Conditions actuelles

Dix-huit espèces de mammifères marins, dont 14 espèces de baleines et de dauphins (cétacés) et quatre espèces de phoques (phocidés), sont présentes dans la région. On y observe également à l'occasion quelques autres espèces, mais celles-ci ne sont pas considérées comme d'importantes composantes de l'écosystème vu leur rareté. Cependant, même si la plupart des espèces ne sont que des visiteurs saisonniers, les eaux des Grands Bancs et les régions adjacentes constituent, pour certaines d'entre elles, d'importantes aires d'alimentation.

On trouve également six espèces de cétacés à fanons (mysticètes); il s'agit du rorqual à bosse (Magaptera novaeangliae), du rorqual bleu (Balaenoptera musculus), du rorqual commun (Balaenoptera physalus), du rorqual boréal (Balaenoptera borealis), du petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata) et, parfois, de la baleine noire (Eubalaena glacialis). Les populations de la presque totalité de ces espèces ont diminué sous l'effet de la chasse à la baleine, mais certaines seraient en voie de rétablissement. Cependant, le rorqual à bosse, le rorqual bleu et le rorqual commun figurent toujours sur la liste des espèces vulnérables, alors que la baleine noire est considérée comme une espèce en danger de disparition. La région compte aussi huit espèces de cétacés à dents (odontocètes), soit le cachalot macrocéphale (Physeter macrocephalus), la baleine à bec commune (Hyperoodon ampullatus), l'épaulard (Orcinus orca), le globicéphale noir de l'Atlantique (Globicephala melaena), le dauphin commun (Delphinus delphis), le dauphin à flancs blancs de l'Atlantique (Lagenorhynchus acutus), le dauphin à nez blanc (Lagenorhynchus albirostris) et le marsouin commun (Phocoena phocoena). La plupart de ces mammifères marins n'y sont que des visiteurs saisonniers et on en connaît peu sur leur distribution et leurs effectifs dans ces eaux. Le marsouin commun est classé parmi les espèces menacées et une population de baleines à bec commune est considérée vulnérable. Enfin, on observe un certain nombre d'espèces de phoques (phocidés) dans ces eaux à différentes périodes de l'année; il s'agit du phoque gris (Halichoerus grypus), du phoque du Groenland (Phoca groenlandica), du phoque à capuchon (Cystophora cristata) et du phoque commun (Phoca vitulina). Les phoques se nourrissent principalement de poissons et d'invertébrés, comme le calmar et la crevette.

Les tortues de mer sont rares sur les Grands Bancs de Terre-Neuve, en particulier dans les eaux froides du champ White Rose. Trois espèces y ont toutefois été observées, soit la tortue luth (Dermochelys coriacea), la caouane (Caretta caretta) et la tortue bâtarde (Lepidochelys kempii). La tortue luth figure sur la liste des espèces en danger de disparition établie par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC); elle figure également, avec la tortue bâtarde, sur la liste des espèces en danger de disparition du Fish and Wildlife Service et du National Marine Fisheries Service aux États-Unis, alors que la caouane y est classée parmi les espèces menacées.

L'Étude approfondie traite plus en détail des tortues et mammifères marins présents dans la région (partie un, chapitre 3).

4.3.2 Évaluation des effets

4.3.2.1 Opérations normales de mise en valeur (forage et construction)

Les effets potentiels sur les mammifères marins sont liés principalement au bruit produit par les installations et les activités en mer. Les mammifères marins sont sensibles à l'environnement acoustique sous-marin et ils tolèrent habituellement mieux les sources de bruit fixes - comme celles produites par une plate-forme semi-submersible ou un navire PSD - que les sources mobiles. Les opérations de forage pourraient avoir des effets de négligeables à faibles sur les cétacés et les phoques, effets qui persisteront durant toute la phase de forage. Cependant, comme les opérations de forage s'échelonneront sur plusieurs années, il pourrait y avoir un phénomène d'accoutumance. Les réactions des mammifères marins à la présence des navires et des aéronefs varient d'une espèce à une autre, de même qu'en fonction du type, de l'intensité et de l'échelonnement de l'activité. Certaines espèces de mammifères marins évitent les embarcations et les navires de ravitaillement alors que d'autres, comme les dauphins et les phoques, sont assez tolérantes et peuvent même s'approcher des navires (Shane et al., 1986; Richardson et al., 1995; Moulton et Lawson, 2000). Dans l'ensemble, la circulation maritime et aérienne devrait avoir peu d'effets sur les mammifères marins et ces effets seront réduits, si les navires maintiennent autant que possible une trajectoire et une vitesse constantes et s'ils évitent les secteurs à fortes concentrations de mammifères. Les hélicoptères devront, dans la mesure du possible, maintenir une altitude minimale de 600 m.

Il est peu probable que les activités de forage donnent lieu à l'accumulation de métaux lourds dans les boues et les déblais de forage, en des concentrations qui soient nocives aux mammifères marins (Neff  et al., 1980 dans Hinwood et al., 1994), et tout effet susceptible de se produire serait négligeable. De plus, comme nous l'avons mentionné pour les oiseaux, les rejets des fluides de complétion, d'obturation et de reconditionnement traités auraient des effets négligeables sur les mammifères marins; il en va de même des rejets de fluides de prévention des éruptions, de fluides ayant servi aux essais hydrostatiques, d'eau de refroidissement et de ciment. Par contre, les rejets d'eau mazouteuse traitée provenant des autres liquides de forage, des eaux de ponts et des eaux de cale pourraient être nocifs pour les mammifères marins. Il convient toutefois de noter que les mammifères marins de Terre-Neuve risquent moins d'être sensibles à l'exposition à de l'eau mazouteuse car, chez ces animaux, c'est la graisse, plutôt que la fourrure, qui leur sert d'isolant; donc, les rejets d'eau mazouteuse traitée auront des effets négligeables sur ces mammifères. Enfin, les matières organiques issues des eaux usées domestiques seront rapidement dispersées et dégradées par les bactéries, de sorte que les effets sur les mammifères marins présents dans les plans d'eau récepteurs seront, là aussi, négligeables.

4.3.2.2 Opérations normales de production et d'entretien

Les effets potentiels des structures (plates-formes stationnaires) sur les mammifères marins sont essentiellement liés au bruit. Les autres effets potentiels - ceux dus à la présence même des structures, à l'alimentation plus abondante causée par l'effet de récif artificiel, à la perturbation du fond, au bruit durant l'entretien périodique des structures sous-marines, ainsi qu'aux rejets d'eau d'injection et d'eau produite - devraient être négligeables. De plus, comme nous l'avons indiqué précédemment, les rejets d'eau mazouteuse traitée (p. ex. eaux de ponts et eaux de cale) et les matières organiques provenant des eaux usées domestiques auront des effets négligeables sur les mammifères marins, durant la phase de production. Tous les rejets des navires seront traités conformément aux mesures précitées et auront donc eux aussi un effet global négligeable sur les mammifères marins. Enfin, les lumières et les torches n'auront pas d'incidence sur les mammifères marins.

Durant la phase de production, les principales sources sous-marines de bruit seront essentiellement les mêmes que durant la phase de mise en valeur, en particulier en ce qui a trait aux navires (navires de ravitaillement, pétroliers-navettes et autre trafic maritime) et aux aéronefs. Les niveaux de bruit produits par le navire PSD se comparent à ceux d'une plate-forme semi-submersible. À White Rose, le navire PSD restera au même endroit tout au long de la phase de production. Les effets sur les mammifères marins seront donc réduits au minimum, car la source de bruit sera stationnaire et qu'il est probable qu'il se créé chez ces mammifères un phénomène d'accoutumance. Dans l'ensemble, les effets du bruit seront faibles, mais persisteront pendant toute la durée de la phase d'exploitation.

4.3.2.3 Déclassement

A la fin de la période de production, le site White Rose sera désaffecté et restauré, afin de réduire au minimum les effets permanents sur l'environnement. Bien que les activités de déclassement puissent créer une certaine perturbation à court terme, ainsi que des effets négligeables durant des périodes relativement courtes, il est probable que l'arrêt des activités aura dans l'ensemble un effet positif sur les mammifères marins.

4.3.2.4 Tortues de mer

La perturbation et la destruction des habitats de reproduction sensibles sur les rives sablonneuses subtropicales et tropicales, l'ingestion de débris de plastique flottants et la pêche commerciale constituent les principales menaces à la survie des tortues de mer. Sur les Grands Bancs, il arrive que des tortues marines soient capturées accidentellement durant la pêche pélagique à la palangre du thon, de l'espadon et du requin (NOAA, 2000). Dans la plupart des cas, on s'attend à ce que les phases de mise en valeur, de production et de déclassement produisent sur les tortues de mer les mêmes effets que ceux prévus pour les mammifères marins. En d'autres mots, l'ensemble du projet n'aura pas d'effets négatifs importants sur les tortues marines.

4.3.2.5 Accidents

On considère que le risque n'est pas très élevé que les cétacés soient victimes des effets d'une exposition aux hydrocarbures. Les cétacés pourraient cependant manifester des effets sublétaux causés par le mazoutage de leurs muqueuses ou de leurs yeux s'ils devaient traverser une nappe de pétrole (Geraci, 1990). Ces effets sont toutefois réversibles et ne causeraient pas de dommages permanents aux animaux. Il est possible également que le fanon des cétacés soit contaminé par les hydrocarbures et qu'il perde ainsi de son efficacité de filtration (Geraci, 1990). Là encore, toutefois, ces effets seraient minimes et réversibles. Il est en outre peu probable que les hydrocarbures atteignent le haut fond du sud-est des Grands Bancs, là où les cétacés à fanons, comme le rorqual à bosse, se rassemblent pour se nourrir de capelans (Étude approfondie, partie un, section 5.8). Les cétacés ne sont présents dans les zones extracôtières des Grands Bancs que durant certaines périodes de l'année et ce, en petits nombres; donc, de faibles proportions seulement des populations seraient exposées à des risques en même temps.

De même, on ne considère pas que l'exposition aux hydrocarbures comporte des risques élevés pour les phoques, bien que certaines données établissent un lien entre des déversements d'hydrocarbures et la mortalité chez les phoques, en particulier les jeunes (St. Aubin, 1990). La majorité des phoques présents dans la région se trouve sur la lisière des glaces flottantes. Or, durant une année normale, la lisière de glaces se situe à plusieurs centaines de kilomètres au nord de la région de White Rose et ce, uniquement pendant quelques mois de l'année. Qui plus est, les modèles servant à prévoir le déplacement des nappes de pétrole indiquent que les hydrocarbures se déplaceront probablement vers l'est et le sud-est de White Rose (Étude approfondie, partie un, section 5.8). Aussi est-il hautement improbable que des déversements accidents d'hydrocarbures à White Rose atteignent la lisière de glaces, les années où les conditions des glaces seront normales. Peu de phoques devraient donc être exposés à des hydrocarbures qui proviendraient d'un déversement accidentel à White Rose; qui plus est, la plupart des phoques ne manifestent pas de grandes réactions comportementales ou physiologiques à un mazoutage limité en surface, à une exposition occasionnelle à des aliments contaminés ou à l'ingestion d'hydrocarbures (St. Aubin, 1990; Williams et al., 1994).

Comme les tortues de mer remontent à la surface pour respirer et sont des prédateurs visuels qui se nourrissent près de la surface, elles peuvent être sensibles à la présence d'une nappe d'hydrocarbures en surface. Dans l'ensemble, toutefois, la probabilité est très faible que des tortues de mer soient exposées à des hydrocarbures qui proviendraient d'un déversement accidentel à White Rose, car ces tortues sont rarement présentes dans la région.

En résumé, les effets d'un déversement d'hydrocarbures en mer pourraient varier de négligeables à faibles, selon la période de l'année, l'endroit où se trouveront les tortues de mer et les mammifères marins à l'intérieur de la zone à l'étude, ainsi que le type de déversement ou d'éruption de pétrole.

Les chapitres 4 et 5 (partie un) de l'Étude approfondie présentent une évaluation plus détaillée des effets environnementaux potentiels du projet sur cette CVE. Le tableau 4.4 résume les effets que pourraient causer les diverses phases, activités et composantes du projet sur les mammifères marins.

Tableau 4.4 : Résumé de l'évaluation des effets - Mammifères marins

Activité Effet environnemental positif (P) ou négatif (N) potentiel Atténuation Critères d'évaluation des effets environnementaux
Ampleur Envergure Fréquence Durée Réversibilité Contexte écologique/ socio-culturel et économique
Mise en valeur
Présence de structures
Zone de pêche interdite Aucune interaction S.O.            
Structures sous-marines Nuisance (N)   0 1 6 3 R 1
Lumières Aucune interaction S.O.            
Torches Aucune interaction S.O.            
Construction sous-marine Nuisance (N)     0-1 1-2 2 2 R 1
Boues/déblais de forage
Boues à base d'eau Effets sur la santé (N) Recyclage des boues; traitement et rejet des déblais 0 1 2 3 R 1
Boues synthétiques Effets sur la santé (N) Recyclage des boues; traitement et rejet des déblais 0 1 2 3 R 1
Autres fluides et solides
Complétion, obturation et reconditionnement Effets sur la santé (N) Recyclage 0 1 2 3 R 1
Ciment Alimentation plus abondante (P)   0          
Prévention des éruptions Effets sur la santé (N) Recyclage 0 1 2 3 R 1
Fluides d'essais hydrostatiques Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 1 3 R 1
Eau de refroidissement Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 6 3 R 1
Eaux de ponts Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 2 3 R 1
Eaux de cale Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 2 3 R 1
Eaux usées domestiques Effets sur la santé (N) Traitement primaire 0 1-2 6 3 R 1
Déchets Aucune interaction Transport à terre            
Émissions atmosphériques Aucune interaction S.O.            
Navires et embarcationsa Nuisance (N) Éviter les concentrations de mammifères marins; maintenir autant que possible une vitesse et une trajectoire constantes 1 3-4 6 3 R 1
Hélicoptèresa Nuisance (N) Maintenir autant que possible une altitude minimale de 600 m 1 1-3 4 3 R 1
Bruit
Plates-formes de forage Nuisance (N)   0-1 1-2 6 3 R 1
Navires de soutien Nuisance (N) Éviter les concentrations de mammifères marins; maintenir autant que possible une vitesse et une trajectoire constantes 1 3-4 6 3 R 1
Hélicoptères Nuisance (N) Maintenir autant que possible une altitude minimale de 600 m 1 1-2 6 3 R 1
Installations côtièresb                
Production
Présence de structures
Zone de pêche interdite Aucune interaction S.O.            
Effet de récif artificiel Alimentation plus abondante (P)   1 1 6 5 R 1
Structures sous-marines Nuisance (N)   0 1 6 5 R 1
Structures en surface Nuisance (N)   0 1 6 5 R 1
Lumières Aucune interaction S.O.            
Torches Aucune interaction S.O.            
Entretien sous-marin Nuisance (N)   0 1 1 1 R 1
Eau d'injection Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 6 5 R 1
Eau produite Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 6 5 R 1
Eau de lest rejetée Aucune interaction S.O.            
Eau de refroidissement Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 6 5 R 1
Eaux de ponts Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 6 5 R 1
Eaux de cale Effets sur la santé (N) Traitement 0 1 6 5 R 1
Eaux usées domestiques Effets sur la santé (N) Traitement primaire 0 1-2 6 5 R 1
Déchets Aucune interaction S.O.            
Émissions atmosphériques Aucune interaction S.O.            
Navires et embarcationsa Nuisance (N) Éviter les concentrations de mammifères marins; maintenir autant que possible une vitesse et une trajectoire constantes 1 3-4 6 5 R 1
Hélicoptèresa Nuisance (N) Maintenir autant que possible une altitude minimale de 600 m 1 1-3 4 5 R 1
Bruit
Navire PSD Nuisance (N) S.O. 1 1-2 6 5 R 1
Navires de soutien Nuisance (N) Éviter les concentrations de mammifères marins; maintenir autant que possible une trajectoire et une vitesse constantes 1 3-4 6 5 R 1
Hélicoptères Nuisance (N) Maintenir autant que possible une altitude minimale de 600 m  1 1-3 4 5 R 1
Installations côtièresb                
Déclassement
Installations extracôtières Arrêt des nuisances (P); réduction dela mortalité et des risques pour la santé (P)   1 1 3 3 R 2
Installations côtieresb                
Accidents
Déversements ou éruptions Effets sur la santé (N) Plan d'urgence; formation; préparation; prévention; nettoyage; inventaire 0-1 5-6 <1 2 R 1
Légende pour la tableau 4.4
Ampleur 0 = Négligeable, essentiellement sans effet
1 = Faible
2 = Moyenne
3 = Grande
Envergure 1 = < 1 km²
2 = 1-10 km²
3 = 11-100 km²
4 = 101-1 000 km²
5 = 1 001-10 000 km²
6 = > 10 000 km²
Fréquence 1 = < 11 événements/a
2 = 11-50 événements/a
3 = 51-100 événements/a
4 = 101-200 événements/a
5 = > 200 événements/a
6 = Continue
Durée 1 = < 1 mois
2 = 1-12 mois
3 = 13-36 mois
4 = 37-72 mois
5 = > 72 mois
Réversibilité
(s'agissant des populations)
R = Réversible
I = Irréversible
Contexte écologique/socioculturel et économique 1 = Région relativement vierge, ou exempte d'effets anthropiques négatifs
2 = Signes d'effets négatifs
S.O. = Sans objet

aEn tenant compte des effets du bruit.
bAucune nouvelle installation côtière ne sera requise. Les infrastructures existantes suffiront.

Les effets environnementaux résiduels des activités qui seront menées durant les phases de mise en valeur et d'exploitation, de même que les effets qui pourraient résulter d'un déversement ou de l'éruption de pétrole en mer, seront négatifs, mais peu significatifs, pour cette CVE, alors que la phase de déclassement se soldera par un effet résiduel positif.

4.3.2.6 Effets cumulatifs

On s'attend à ce que les effets cumulatifs des diverses activités prévues durant chacune des phases du projet White Rose (mise en valeur, production et déclassement), ainsi que du projet dans son ensemble, soient non significatifs sur les mammifères marins et les tortues marines. On s'attend par ailleurs à ce que ces effets cumulatifs demeurent non significatifs, même combinés à ceux d'autres activités de mise en valeur et d'exploration pétrolières menées sur les Grands Bancs.

Comme nous l'avons indiqué précédemment, les effets potentiels sur les mammifères marins sont liés principalement au bruit produit par les structures et les activités en mer. Or compte tenu du nombre d'activités de transport maritime et de pêche qui se déroulent déjà sur les Grands Bancs, on peut conclure, sans risque de se tromper, que le milieu sous-marin est déjà bruyant. Le bruit créé par l'industrie gazière et pétrolière (navires PSD, navires de ravitaillement, plates-formes de forage et exploration sismique) s'ajoutera au bruit ambiant dans le milieu sous-marin des Grands Bancs; cependant, ce bruit supplémentaire généré par le projet White Rose aura peu d'incidences sur le niveau global de bruit. En effet, l'accroissement du niveau cumulatif de bruit de fréquence basse, résultant de la mise en valeur et de l'exploration gazières et pétrolières sur les Grands Bancs, ne sera pas appréciable et, dans bien des cas, sera masqué par des phénomènes naturels. En l'absence de cet effet de masquage, il est possible que les animaux soient perturbés par les sources anthropiques de bruit associées à cette industrie. Cependant, aucune donnée ne fait état d'effets perturbateurs dus à l'exposition à des sources éloignées de bruit ambiant (Richardson et al., 1995). Si l'on se fie aux résultats d'études menées dans d'autres régions, il faudra que les mammifères marins se trouvent à proximité (à moins de quelques kilomètres) des sources réelles de bruit liées aux activités pétrolières et gazières pour en subir les effets. Donc, tout effet perturbateur sur les mammifères marins sera le résultat de la combinaison de quelques sources de bruit isolées et cet effet ne sera pas significatif, tant sur une base individuelle que cumulative.

4.4 Mesures d'atténuation et planification d'urgence

4.4.1 Mesures d'atténuation

Diverses mesures d'atténuation ont été prévues durant les phases de mise en valeur, d'exploitation et de déclassement du projet White Rose pour réduire au minimum les effets sur l'environnement; ces mesures sont résumées ci-après :

  • utilisation, dans la mesure du possible, de boues à base d'eau;
  • recyclage des boues à base de produits synthétiques et des autres liquides et solides de forage;
  • traitement des déblais de forage;
  • traitement des liquides de forage, des eaux de ponts, des eaux de cale, des eaux usées domestiques, de l'eau de refroidissement et de l'eau produite;
  • transport des déchets solides sur la côte;
  • élaboration d'un plan de gestion des déchets définissant les lignes directrices applicables à tous les déchets produits en mer;
  • mise au point d'équipement conçu de manière à réduire les émissions atmosphériques;
  • préparation d'un plan d'intervention d'urgence visant à atténuer les effets de tout déversement de pétrole en mer et à y remédier.

Les sections qui suivent décrivent les mesures d'atténuation propres à chaque CVE.

4.4.1.1 Poissons et habitats du poisson

Voici les mesures d'atténuation supplémentaires qui ont été prévues pour le poisson et son habitat :

  • interdire le dynamitage durant les activités de construction sous la mer;
  • choisir les matériaux et les méthodes de manière à réduire les effets durant l'entretien sous-marin;
  • retirer les installations sous-marines au moment de l'abandon, afin de réduire au minimum les effets résiduels.
4.4.1.2 Oiseaux marins

Les mesures d'atténuation supplémentaires prévues pour les oiseaux marins incluent les suivantes :

  • libérer les oiseaux captifs, attirés par les structures et les lumières en surface;
  • instaurer une zone d'évitement de 2 km autour des colonies d'oiseaux, à l'intention des navires et des embarcations;
  • exiger que les hélicoptères évitent les colonies d'oiseaux et les survols à répétition au-dessus des zones à fortes concentrations d'oiseaux et des habitats importants pour les oiseaux.
4.4.1.3 Mammifères marins et tortues de mer

En ce qui a trait aux mammifères marins et aux tortues de mer, les mesures d'atténuation supplémentaires suivantes ont été prévues :

  • exiger des navires et autres embarcations qu'ils évitent les endroits à fortes concentrations de mammifères marins;
  • exiger des navires et des embarcations qu'ils maintiennent autant que possible une trajectoire et une vitesse constantes;
  • exiger que les hélicoptères maintiennent, dans la mesure du possible, une altitude minimale de 600 m.

4.4.2 Planification d'urgence

Avant d'amorcer la production, les promoteurs élaboreront des plans d'urgence qui serviront de guide d'intervention advenant une situation d'urgence durant la mise en production du champ White Rose. Ces plans préciseront les besoins en personnel et en équipement, le soutien logistique nécessaire et les procédures d'intervention initiales pour assurer une intervention sécuritaire, rapide et coordonnée.

Des plans de prévention et d'intervention d'urgence seront élaborés dans les domaines suivants :

  • système de gestion et de contrôle des pertes dans les domaines de la santé, de la sécurité et de l'environnement;
  • procédures d'intervention d'urgence en mer;
  • plan d'alerte et de mesures d'urgence;
  • plan anticollision;
  • plan de gestion des glaces;
  • plan d'intervention en cas de déversement d'hydrocarbures;
  • plans d'urgence en cas de pollution par des hydrocarbures provenant des navires;
  • plan d'aide aux familles;
  • plan de communication d'urgence;
  • plans d'action et procédures normales d'exploitation;
  • procédures générales de notification en cas d'urgence.

La gestion des mesures d'urgence s'appuiera sur la mise en place d'équipes d'intervention qui seront constituées de manière à assurer une intervention rapide et efficace en cas d'urgences (voir Étude approfondie, partie un, chapitre 6). Les plans seront des documents dynamiques qui seront mis à jour au besoin pour refléter toute modification dans les opérations. Tous les employés réguliers affectés à la production sur la côte Est, y compris les entrepreneurs, recevront une formation dirigée sur les opérations d'urgence, et un programme régulier d'exercices sera mis en place pour s'assurer que tout le personnel est prêt à intervenir.

4.5 Résumé des effets environnementaux résiduels

On estime que les phases de mise en valeur et de production du projet, ainsi que tout accident qui pourrait survenir, auront des effets résiduels négatifs, mais non significatifs, sur le poisson et son habitat. Par la suite, la phase de déclassement entraînera des effets résiduels positifs sur le poisson et son habitat et, dans l'ensemble, les effets environnementaux résiduels du projet sur le poisson et son habitat sont jugés non significatifs (tableau 4.5).

De même, on s'attend à ce que les phases de mise en valeur et de production produisent, sur les oiseaux de mer, des effets résiduels négatifs mais non significatifs, et que la phase de déclassement ait des effets positifs. En revanche, un accident tel un déversement majeur de pétrole aurait des effets environnementaux négatifs importants sur les oiseaux de mer; pareil accident est toutefois improbable. Dans l'ensemble, donc, le projet ne devrait pas avoir d'effets résiduels significatifs sur les oiseaux de mer (tableau 4.5).

Enfin, les phases de mise en valeur et de production, ainsi que tout accident qui pourrait survenir, auront des effets résiduels négatifs, mais là encore non significatifs, sur les mammifères marins et les tortues de mer, mais la phase de déclassement devrait avoir des effets positifs. Comme l'indique le tableau 4.5, les effets résiduels du projet sur les mammifères marins et les tortues de mer ne devraient pas, dans l'ensemble, être significatifs.

En résumé, après la mise en ouvre des mesures d'atténuation prévues, l'ensemble du projet ne devrait pas avoir d'effets environnementaux importants sur chacune de ces CVE, sauf s'il se produisait un important déversement de pétrole en mer, lequel serait néfaste pour les oiseaux marins. Cependant, comme nous l'avons indiqué précédemment, le risque d'un tel accident est très faible. Qui plus est, les mesures de prévention et d'urgence qui ont été prévues par les promoteurs abaisseront encore davantage ce risque et réduiront au minimum les effets de tout déversement, s'il devait y en avoir.

Tableau 4.5 : Résumé des effets résiduels- Biophysiques

Phase Évaluation des effets environnementaux résiduels, incluant les effets cumulatifs Niveau de confiance Probabilité
Probabilité de manifestation Certitude scientifique
Poisson et son habitat
Mise en valeur NS 3 3 3
Production NS 3 3 3
Déclassement P 3 3 3
Accidents NS 3 1 3
Ensemble du projet NS 3 3 3
Oiseaux marins
Mise en valeur NS 3 3 3
Production NS 3 3 3
Déclassement P 3 3 3
Accidents S 3 1 3
Ensemble du projet NS 3 3 3
Mammifères marins et tortues de mer
Mise en valeur NS 3 3 3
Production NS 3 3 3
Déclassement P 3 3 3
Accidents NS 2 1 2
Ensemble du projet NS 3 3 3
Légende pour la tableau 4.5
Évaluation des effets environnementaux résiduels S = Effet environnemental négatif significatif
NS = Effet environnemental négatif non significatif
P = Effet environnemental positif
Niveau de confiance 1 = Faible
2 = Moyenne
3 = Élevée
Probabilité de manifestation 1 = Faible
2 = Moyen
3 = Élevé
Certitude scientifique
(basée sur les données scientifiques, l'analyse statistique ou le jugement professionnel)
1 = Niveau de confiance faible
2 = Niveau de confiance moyen
3 = Niveau de confiance élevé

4.6 Suivi

Les programmes de surveillance des effets environnementaux (SEE) ont pour but de vérifier l'exactitude des effets prévus durant l'évaluation environnementale, d'évaluer l'efficacité des mesures d'atténuation mises en place, de servir de système de pré-alerte sur les changements dans l'environnement, de faciliter la planification et l'amélioration continue du projet et, en dernière analyse, d'améliorer notre compréhension des liens de causalité dans le domaine environnemental. Le programme de SEE fait partie intégrante du programme de suivi exigé en vertu de la LCEE.

Les promoteurs prévoient mettre en place un vaste programme de SEE, qui portera sur la mise en valeur du champ White Rose (Étude approfondie, partie un, chapitre 7). L'élaboration d'un programme de SEE approprié comportera une phase d'examen par les administrations publiques concernées, en vertu du processus d'approbation de l'OCTHE. Husky Oil est en faveur de toute initiative régionale de surveillance pertinente et y collaborera.

Le programme SEE proposé serait constitué des composantes suivantes :

  • qualité des sédiments (toxicité, chimie et analyse de la communauté benthique);
  • qualité de l'eau et production primaire;
  • charge corporelle des poissons (plie canadienne et crabe des neiges);
  • altération du poisson (plie canadienne et crabe des neiges);
  • histopathologie du poisson et oxydase à fonction multiple (OFM) (plie canadienne).

En 1999, un programme de surveillance des oiseaux de mer a été mis en ouvre à partir d'un navire de ravitaillement, pour étudier les effets de la plate-forme de forage; ce programme s'est poursuivi en 2000 et il continuera d'être évalué tout au long de la phase de mise en valeur du projet. De plus, toute mort accidentelle d'oiseau associée au projet sera notée.

Un programme de SEE spécialisé sera également mis en ouvre pour déterminer les effets de tout déversement majeur, en ciblant principalement les oiseaux de mer, mais également les poissons et les mammifères marins. Ce programme s'inspirera du programme de SEE mis en place pour les activités normales de production au champ White Rose. La décision de procéder ou non à la mise en ouvre d'un tel programme sera prise en consultation entre les promoteurs du projet et l'OCTHE, en fonction des circonstances du déversement. En outre, conformément à la Politique de gestion de l'habitat du poisson du MPO, toute mesure d'indemnisation pour l'habitat sera surveillée et évaluée.

Enfin, il y aura surveillance de la conformité, pour s'assurer du respect des lois applicables et des conditions prévues dans les autorisations réglementaires. Cette surveillance visera essentiellement à s'assurer du respect des limites de rejet définies dans les Lignes directrices sur le traitement des déchets extracôtiers. Des programmes de surveillance seront aussi établis pour mesurer les rejets de déchets qui auront été traités conformément à ces lignes directrices et pour faire rapport à ce sujet.

L'Étude approfondie traite plus en détail des initiatives de surveillance proposées.