Sélection de la langue

Information archivée

L'information dont il est indiqué qu'elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n'est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n'a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

Rapport d'étude approfondie

6. Description de l'état actuel de l'environnement

Le volume 2 du rapport d'avant-projet présente une description détaillée du milieu de même que des méthodes d'inventaire utilisées pour caractériser celui-ci alors que le chapitre 2 du volume 1 fournit une description sommaire du milieu susceptible d'être touché par le projet. La section qui suit présente un résumé des principaux éléments de l'environnement du secteur d'étude.

6.1. Milieu physique

6.1.1. Physiographie et sols

Sur le plan physiographique, la zone d'étude est située dans les contreforts des Laurentides au nord et dans les basses terres du Saint-Laurent au sud.

Dans le tronçon situé entre le barrage de Grand-Mère et les rapides Manigance, 52 % des berges subissent une érosion forte, moyenne ou faible, alors que l'érosion notée dans le reste du territoire est qualifiée de nulle étant donné qu'il s'agit de berges rocheuses ou déjà protégées. Environ quinze pour cent des berges, notamment celles constituées d'argile et de silt, sont qualifiées d'active (21 % rive droite et 8,5 % rive gauche).

Les berges retrouvées entre les barrages de Grand-Mère et Shawinigan sont également fortement sensibles à l'érosion, surtout celles situées en rive gauche où la proportion de berges sensibles atteint 33,5 %. Moins de 2 % de l'ensemble des rives présentent toutefois des signes d'instabilité.

Dans le tronçon Shawinigan-La Gabelle, plus de 80 % des berges retrouvées en rive gauche, où dominent les berges argileuses de forte pente, présentent une forte sensibilité à l'érosion (50 % pour l'ensemble du secteur). De fait, près de 21 % de ces berges sont effectivement en érosion et ce, notamment dans le secteur en aval du pont ferroviaire, dans la zone d'influence de la centrale La Gabelle.

Le sapement causé par les vagues à la base des talus et les éboulements le long des pentes sont les principaux phénomènes d'érosion observés. L'arrêt du flottage du bois, le démantèlement des estacades utilisées pour cette activité et l'augmentation concurrente de l'activité nautique, notamment en amont de l'aménagement de Grand-Mère, auront pour effet d'accroître l'érosion là où les rives sont sensibles.

6.1.2. Hydrographie

D'une superficie de 43 250 km², le bassin hydrographique de la rivière Saint-Maurice compte huit barrages (figure 3) sur le cours principal de la rivière (Rapide-Blanc, Trenche, Beaumont, La Tuque, Grand-Mère, Shawinigan-2, Shawinigan-3 et de La Gabelle), un barrage à la sortie du réservoir de tête de la rivière (barrage Gouin), ainsi que de plusieurs barrages sur les rivières Manouane et Matawin, tributaires de la rivière Saint-Maurice. Ces ouvrages font de la rivière Saint-Maurice l'un des cours d'eau les plus régularisés au monde. Le réservoir de la centrale de Grand-Mère est alimenté par les eaux de la centrale de La Tuque de même que par celles des tributaires du bassin intermédiaire compris entre ces deux sites, comprenant les rivières aux Rats, Wessonneau, Matawin et Mékinac. 

6.1.3. Couvert de glace

Dans le bief amont de la centrale de Grand-Mère, la couverture de glace se forme dès le début de l'hiver et, mis à part certaines éclaircies dans les secteurs d'eau vive en amont de Mékinac, elle couvre l'ensemble du secteur compris entre les rapides Manigance et la centrale de Grand-Mère. En aval de l'aménagement, la prise des glaces est plus lente, due à la vitesse plus élevée du courant, et la couverture progresse des rives vers le centre pour devenir éventuellement complète entre l'amont des rapides des Hêtres et l'amont du secteur de Beaurivage.

6.1.4. Qualité de l'eau

L'eau de la rivière est considérée de bonne qualité. Les municipalités de La Tuque, de Grandes-Piles, de Grand-Mère, de Saint-Georges et de Shawinigan possèdent des installations de traitement des eaux usées. Il en est de même des usines d'Abitibi-Consolidated à Grand-Mère et à La Tuque, de l'usine Belgo à Shawinigan, et de l'usine des Produits forestiers Canadien Pacifique (PCFP) à La Tuque.

6.1.5. Sédiments

L'inventaire des sédiments retrouvés dans le bief amont de la centrale démontre que les matériaux fins sont présents près des rives alors que les plus grossiers se trouvent vers le centre de la rivière.

Les analyses de sédiments fins réalisées dans ce secteur n'ont démontré aucune contamination sévère pour les paramètres organiques et inorganiques analysés. Une seule station d'échantillonnage, située dans une petite baie à proximité du pont de la route 153, où un ancien égout sanitaire se déverse encore occasionnellement, a démontré quelques dépassements de critère de sécurité pour le plomb et le mercure. La mise en service de la nouvelle centrale n'occasionnera toutefois pas la remise en suspension de ces sédiments.

Dans le bief aval, le lit de la rivière est rocheux ou constitué de sable ou de gravier.

6.2. Milieu biologique

6.2.1. Faune ichtyenne et habitat du poisson

Vingt-six espèces de poissons ont été inventoriées entre Shawinigan et La Tuque. Parmi les espèces d'intérêt pour la pêche, on retrouve le doré jaune, la perchaude, l'achigan à petite bouche, le grand brochet, l'omble de fontaine, le meunier noir et le meunier rouge. Ces espèces sont retrouvées tant en amont qu'en aval de l'aménagement de Grand-Mère. Des captures occasionnelles d'ouananiches et de maskinongés ont également été réalisées en aval de la centrale de Grand-Mère.

L'ouananiche et l'anguille d'Amérique sont les deux seules espèces migratrices susceptibles d'être retrouvées dans le secteur d'étude.

Les ouananiches, introduites dans certains plans d'eau en amont de Grand-Mère (réservoir Taureau, lacs Mékinac, lac Inman et Dunbar) peuvent quitter occasionnellement ces plans d'eau et se retrouver dans la rivière Mékinac et Matawin avant de se retrouver dans la rivière Saint-Maurice. La présence de cette espèce non indigène est toutefois qualifiée d'occasionnelle en aval de l'aménagement de Grand-Mère.

Il existe des informations à l'effet que l'anguille peut se retrouver dans le bief aval de la centrale de Grand-Mère. Sa présence à ce site est toutefois considérée exceptionnelle étant donné que l'espèce doit franchir une chute d'une hauteur de 44 m au complexe de Shawinigan, situé 16 kilomètres en aval, avant de rejoindre ce secteur. De plus, aucune pêche expérimentale n'a permis de confirmer à ce jour la présence de cette espèce entre ces deux barrages et sa présence au-delà de l'aménagement de Grand-Mère demeure inconnue. L'existence d'une série de chutes et de cascades importantes aux sites des aménagements hydroélectriques actuels a sans doute restreint, de tout temps, la migration de cette espèce dans le secteur.

La population d'achigan à petite bouche retrouvée entre la centrale et les rapides des Hêtres est considérée dans un état précaire, car son abondance et le rendement de pêche sportive y sont relativement faibles. Des aménagements fauniques pour favoriser la production de cette espèce ont été réalisés en 1997 par GDG Conseil inc. dans le secteur Beaurivage, soit le tronçon compris entre le pont du CN et les rapides des Hêtres. Ces aménagements sont constitués de deux à trois gros blocs, requis pour bloquer le courant, et de graviers de 20 à 45 mm de diamètre, nécessaires pour la construction des nids.

Des inventaires réalisés entre la centrale de Grand-Mère et les rapides des Hêtres ont permis de confirmer la présence de trois frayères en eau vive et de deux frayères en eau calme. Une douzaine d'herbiers aquatiques, présentant des habitats du poisson reconnus ou potentiels, ont de plus été identifiés entre les barrages de Grand-Mère et de La Gabelle (GDG, 1997).

Dans la zone d'étude locale, l'achigan à petite bouche utilise comme aire de frai une surface d'au moins 150 m² d'un haut-fond situé au pied du barrage-poids gauche. Le meunier noir utilise également ce haut-fond (1 547 m²) de même qu'un autre situé près de la rive gauche, en aval de la pointe à Simard (10 300 m²), comme aire de reproduction. La perchaude utilise une petite arbustaie riveraine située en rive droite en face de la pointe à Simard, à l'extrémité nord de la plage où se trouve l'émissaire industriel. Compte tenu des conditions hydrauliques qui prévalent à ce site, cet habitat a toutefois peu de valeur dans les conditions actuelles et les nouvelles conditions prévues n'apporteront pas de changements notables à cette situation. De plus, bien qu'aucune aire de frai n'ait été identifiée pour le doré, il demeure possible que cette espèce fraie dans la zone d'étude locale. 

6.2.2. Avifaune

Avec plus de 118 espèces d'oiseaux observés dans la zone d'étude étendue et ses abords, le secteur à l'étude possède une diversité de l'avifaune relativement élevée. Les données de l'Atlas des oiseaux nicheurs (Gauthier et Aubry, 1995) indiquent la nidification confirmée d'une cinquantaine d'espèces. En milieu riverain, la faible superficie des milieux humides, les rives peu découpées et les perturbations d'origine anthropique semblent conférer peu de valeur aux habitats pour la sauvagine et les oiseaux de rivage. Aucun habitat particulier ou exceptionnel n'a été identifié par le promoteur dans la zone d'étude locale. 

6.2.3. Végétation riveraine et aquatique

Les herbiers aquatiques constituent le type de milieu humide le plus répandu du territoire à l'étude. Des rapides Manigance à la centrale de La Gabelle, ces milieux occupent environ 198 ha de superficie. C'est dans les biefs amont des centrales de Grand-Mère (118 ha) et de Shawinigan (35 ha) qu'ils sont les plus abondants.

Le groupement à vallisnérie d'Amérique domine largement les communautés végétales des herbiers aquatiques échantillonnés entre le pont de la route 153 et les rapides des Hêtres. On y retrouve également l'élodée du Canada, l'éléocharide aciculaire et le potamot émergé, toutes des espèces vivaces qui s'enracinent profondément dans le substrat. Ces plantes se distribuent uniformément entre les profondeurs de 0,5 à 2 m.

Les herbiers émergents (marais), retrouvés à des profondeurs variant entre 0 et 0,5 m, sont principalement composés de gaillet palustre et de zizanie aquatique, accompagné de renouée de Pennsylvanie. La prairie humide et le marécage arbustif occupent la portion de la plaine inondable exondée par l'étiage estival. Le phalaris roseau ainsi que l'aulne et le saule dominent respectivement ces habitats.

La zone d'étude locale comporte trois herbiers aquatiques et deux marais (herbiers émergents) dont un est situé en rive gauche en amont du déversoir existant et l'autre au futur site de déposition des déblais d'excavation. La prairie humide et le marécage arbustif semblent toutefois faiblement représentés dans les zones d'étude locale et étendue en aval de l'aménagement de Grand-Mère. Dans la zone d'influence aval, le développement des arbustaies et des herbiers aquatiques est plutôt limité, compte tenu des substrats rocheux qui bordent la rivière et les pentes prononcées des berges.

6.3. Milieu humain

6.3.1. Profil socio-économique et sociodémographique

Le territoire d'étude est presque entièrement situé dans la MRC du Centre-de-la-Mauricie qui regroupe une quinzaine de municipalités dont dix longent les rives du Saint-Maurice. Les villes les plus populeuses sont Shawinigan, Shawinigan-Sud, Grand-Mère et Saint-Georges. La MRC se distingue de l'ensemble du Québec par des secteurs primaire et secondaire plus développés et un secteur tertiaire qui, bien qu'en pleine croissance, est moins important. Le taux de chômage est élevé, soit de l'ordre de 18 %. Aucune communauté amérindienne n'est retrouvée dans le territoire à l'étude. Trois communautés, soit les réserves de Weymontachie, d'Obedjiwan et de Manouane, occupent des territoires situés à l'extérieur du territoire d'influence du projet. 

6.3.2. Récréotourisme

Le parc national de la Mauricie, le parc régional des Chutes-de-Shawinigan et le secteur de Saint-Jean-des-Piles-Grandes-Piles sont les principaux pôles récréotouristiques de la région. La rivière Saint-Maurice, utilisée au cours de l'été 1996 par plus de 15 000 adeptes de la navigation de plaisance (bateau à moteur, canotage, etc.), est l'hôte d'un événement annuel majeur, soit la Classique internationale de canots de la Mauricie. Le démantèlement des estacades permettant d'acheminer le bois aux compagnies papetières a rendu la rivière complètement accessible pour la navigation de plaisance entre le barrage de Grand-Mère et les rapides Manigance. La baie aux environs du golf de Grand-Mère, la pointe à Desaulniers et la pointe à Simard, de même que la zone située immédiatement en aval de la centrale sont des secteurs de pêche fréquentés en période estivale.

En hiver, la pêche sous la glace est pratiquée dans plusieurs secteurs de la zone d'étude étendue. Trois secteurs de pêche ont été dénombrés par le promoteur en 1996. Il s'agit de la baie située en rive droite en amont immédiat de l'auberge de Grand-Mère et des baies en aval du village de Saint-Roch-de-Mékinac et de l'île aux Pins. La rivière est également utilisée par des amateurs de motoneige et de véhicules tout-terrain (VTT). Des sentiers balisés ou des sentiers spontanés donnent accès à la rivière dont un aboutit en rive gauche en amont du déversoir existant. La piste no 3 du réseau national de motoneige traverse le Saint-Maurice au nord du barrage de La Gabelle alors que les pistes provinciales no 347 et no 318 situées en amont du barrage de Grand-Mère figurent parmi les pistes de motoneige les plus utilisées dans la zone d'étude étendue. En 1996, on a estimé à plus de 13 500 le nombre de visites-personnes entre la centrale de La Gabelle et les rapides Manigance en période hivernale.

6.3.3. Utilisation du sol

Le secteur immédiat de la municipalité de Grand-Mère offre peu d'espaces encore inoccupés. On y observe les installations industrielles de la papetière d'Abitibi-Consolidated, une aire d'extraction de Construction et Pavage Maskimo, une partie de la propriété du CN, ainsi qu'une zone résidentielle. Il est à noter que l'accès à la centrale de Grand-Mère se fait par la propriété de la papetière. En rive gauche, la majorité des terrains bordant la rivière entre la voie ferrée et le pont de la route 153 sont la propriété d'Hydro-Québec. Les Entreprises Grand-Mère-Est possèdent des terrains à proximité de la route 153 alors que la portion des terres située à Lac-à-la-Tortue appartient à Excavation Gaston Trépanier. 

6.3.4. Archéologie et patrimoine

Six zones, comprises dans la zone d'étude locale, présentent un potentiel archéologique qui risque d'être touché par les travaux. L'inventaire n'a toutefois permis de révéler aucun indice d'occupation préhistorique. Sur le plan historique, les structures ou les artéfacts repérés dans la zone des travaux présentent peu d'intérêt sur le plan industriel, architectural ou patrimonial.

Selon une étude réalisée par Hydro-Québec, la centrale hydroélectrique de Grand-Mère, dont l'architecture est inspirée de la cathédrale gothique de Sainte-Cécile d'Albi en France, est placée parmi les trois installations les plus intéressantes, sur le plan patrimonial, des quelque 90 ensembles hydroélectriques évalués. La valeur patrimoniale n'est pas seulement liée à ce bâtiment car les ouvrages de retenue et de contrôle comptent toujours parmi les plus importants grands barrages de béton à composantes multiples à avoir été construits au Québec. Plusieurs de ses composantes électriques et mécaniques ont de plus un intérêt patrimonial exceptionnel, très élevé ou élevé.