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Rapport d'étude approfondie

7. Effets prévus, importance des effets et mesures d'atténuation

Le chapitre 5 du volume 1 du rapport d'avant-projet décrit les modifications du milieu physique occasionnées par le projet de même que les impacts prévisibles sur le milieu naturel et humain. Le chapitre 5 et l'annexe A présentent la méthode d'analyse et d'évaluation des impacts utilisée par le promoteur alors que l'annexe B du même document contient la liste complète des mesures d'atténuation mentionnées dans le chapitre 5 dudit rapport

La section qui suit présente un résumé des modifications du milieu de même qu'une évaluation des principaux effets environnementaux causés par le projet, y compris ceux causés par les accidents et les défaillances ainsi que les effets cumulatifs. Les principales mesures d'atténuation sont également mentionnées.

Il est à noter que l'évaluation des impacts réalisée par le promoteur est basée sur un scénario extrême dans lequel le débit de pointe de la nouvelle centrale de Grand-Mère variera de 200 m³/s à 1 040 m³/s tous les jours de l'hiver. Les répercussions les plus importantes se produiront surtout durant les premières années suivant la mise en service alors que le promoteur ajustera son mode d'exploitation. 

7.1. Méthodologie d'évaluation des impacts

Le promoteur a évalué les impacts avant et après l'application de mesures d'atténuation, pour chacune des composantes du milieu naturel et humain visées. Toutefois, aucun impact résiduel n'a été identifié pour les éléments du milieu physique; on parle plutôt de modifications de l'élément et non pas d'impact à ce sujet. La méthode de prévision des impacts retenue par le promoteur consiste à cerner d'abord les modifications du milieu physique puis à évaluer les impacts sur les éléments vivants du milieu, soit les humains, la faune et la flore. L'application de mesures d'atténuation appropriées à l'élément visé permet alors d'obtenir un impact résiduel le plus faible possible.

L'importance de l'impact, qui peut être qualifiée de faible, moyenne, ou forte, a été évaluée à partir d'une grille d'évaluation comportant trois descripteurs, soit la durée, l'étendue et l'intensité.

Cette nomenclature diffère de celle utilisée pour définir les effets environnementaux d'un projet en vertu de la LCÉE où un effet négatif doit être défini soit comme important, non important ou indéterminé.

Dans son rapport complémentaire, le promoteur a déterminé qu'un impact fort correspond à un effet important tel que défini selon la terminologie de la LCÉE alors qu'un impact moyen ou faible correspond à un effet non important.

Le MPO est en accord avec une telle approche.

Le tableau 2 présente le bilan des impacts réalisé par le promoteur pour l'ensemble des éléments de l'environnement susceptibles d'être touchés par le projet. Les commentaires du MPO relatifs à ces évaluations sont retrouvés dans les sections suivantes. Certains éléments de l'environnement pour lesquels le projet n'occasionne que des effets environnementaux non importants n'ont pas été repris dans le résumé présenté ci-dessous (qualité de l'eau, qualité de l'air, ambiance sonore, etc.).

Tableau 2 : Bilan des impacts réalisé par le promoteur pour les différents éléments de l'environnement touchés par le projet
Tableau : Bilan des impacts réalisé par le promoteur pour
Source : Hydro-Québec. Nouvel aménagement hydroélectrique de Grand-Mère, 1998, tableau 5.5.

7.2. Modifications du milieu physique occasionné par le projet

Le principal impact du projet sur le milieu physique concerne la modification du régime des glaces, occasionnée par l'exploitation des nouveaux ouvrages en période hivernale. Des changements sont également attendus sur le plan hydrologique et hydrodynamique ainsi qu'au niveau du profil du sol et de la bathymétrie.

Le marnage, dû à la variation quotidienne du débit en période hivernale, fera en sorte de créer des fissures, des bourrelets et des épanchements d'eau, dans la couverture de glace le long des berges, qui pourront nuire à l'accessibilité du cours d'eau et à la pêche blanche. La modification du mode de gestion hydraulique hivernale augmentera également le risque de dévalement des glaces et fera en sorte que les couvertures de glace entre la centrale de Grand-Mère et l'île Frigon de même qu'entre le complexe de Shawinigan et la chute à Madeleine seront impropres à la circulation à divers degrés étant donné la rugosité de leur surface et des risques de dévalement. L'impact important attendu sur le régime des glaces de même que les mesures d'atténuation qui y sont associées seront discutés dans la section 7.6.2 du présent rapport traitant des effets des variations de l'environnement sur les conditions socio-économiques.

Les modifications du régime hydrologique feront en sorte que le haut-fond situé en aval du nouveau régulateur sera totalement érodé suite au passage des crues moyennes. Environ 50 000 m³ de sable de cailloux et de blocs seront emportés. Les sédiments grossiers se déposeront dans la zone d'étude locale alors que des sédiments plus fins pourront se déposer plus en aval dans la zone d'étude étendue. L'impact, considéré comme non important pour la sédimentologie, aura toutefois des répercussions sensibles pour l'ichtyofaune. Cet aspect sera traité à la section 7.3.1 retrouvée ci-dessous.

De faibles impacts sont attendus en ce qui concerne l'érosion des berges (détachement des glaces et vitesse du courant), car le projet ne devrait affecter que quelques talus déjà fortement érodés sans en déstabiliser de nouveaux. Un suivi sera d'ailleurs réalisé à ce sujet et des actions de stabilisation seront prises dans le cas où il y aurait recul des berges et présence d'éléments sensibles à protéger. 

7.3. Effets du projet sur les composantes de l'environnement

7.3.1.  Faune ichtyenne et habitat du poisson

Les modifications du régime hydrologique causées par l'orientation du nouvel évacuateur de crue de même que par le marnage attribuable au nouveau mode de production de pointe de la centrale en hiver sont les principaux facteurs susceptibles d'occasionner des impacts sur l'habitat du poisson. C'est par l'action érosive des glaces sur le fond, les berges et la végétation riveraine et aquatique que les effets du nouveau mode d'exploitation de l'aménagement pourront se faire sentir.

Dans la zone d'étude locale, les travaux de batardage et d'excavation en eau occasionneront le délaissement de la frayère située près du barrage-poids gauche. La mise en service des nouveaux ouvrages régulateurs occasionnera des modifications hydrodynamiques importantes dans le milieu. Un haut-fond constitué de cailloux et de blocs dans une matrice de sable, situé en aval du barrage-poids gauche, subira des dommages importants lors du passage de la première crue moyenne. Au total, un volume de 30 000 m³ de sédiments en place sera ainsi déplacé. La frayère à achigan à petite bouche (150 m²) et à meuniers (1 547 m²), présente à ce site, disparaîtra vraisemblablement après la mise en exploitation de la nouvelle centrale. De plus, la frayère située en aval de la pointe à Simard subira un ensablement sur une superficie d'environ 3 100 m², soit 30 % de sa superficie actuelle.

La majorité des sédiments ainsi déplacés sédimenteront dans la zone d'étude locale. La partie la plus fine du sable ira toutefois se déposer, à un rythme lent (1 mm par an), dans les sections d'eau calme ou plus profonde de la zone d'étude étendue, où sédimentent actuellement les sables transportés par la rivière en crue. De plus, le projet n'occasionnera pas de modification des zones de sédimentation et d'érosion qui existent présentement dans ce secteur. Les possibilités d'ensablement de frayères ou d'aires d'alevinage potentielles, retrouvées dans les herbiers aquatiques, sont de ce fait jugées très faibles.

De plus, les frayères et les aires d'alimentation se trouvant dans le bief aval de la zone d'étude étendue, sont situés dans des secteurs abrités et seront par conséquent moins affectées par l'érosion des berges, occasionnées par les mouvements de la couverture de glace associés au nouveau mode d'exploitation hivernal. Les herbiers aquatiques ne devraient pas être touchés par ce phénomène compte tenu de leur profondeur d'implantation. Les herbaçaies riveraines, milieu susceptible d'abriter des sites de frai pour la perchaude, pourront toutefois subir l'action des glaces et être remplacés par des plantes herbacées plus aptes à s'adapter à ces conditions.

Un suivi des herbiers aquatiques et des milieux riverains permettra de vérifier l'impact du projet sur ces milieux et de mettre en œuvre, le cas échéant, les mesures d'atténuation ou de compensation appropriées si des pertes d'habitats du poisson sont observées.

Les aménagements pour l'achigan à petite bouche, retrouvés dans le secteur compris entre la Pointe aux Ormes et les rapides des Hêtres ne seront vraisemblablement pas affectés par la nouvelle gestion hivernale de la centrale Grand-Mère, étant donné que ces aménagements sont conçus pour résister aux débits moyens de printemps (2 600 m³/s) qui sont plus élevés que le débit de pointe hivernal (1 040 m³/s) qui sera généré par la nouvelle centrale.

La mise en place de deux remblais en aval de la centrale existante occasionnera un empiétement d'environ 5 700 m² en milieu aquatique. Ces structures seront toutefois situées dans un secteur de peu d'intérêt pour la faune aquatique compte tenu de la vitesse d'écoulement qui prévaut actuellement à la sortie de la centrale existante. Les matériaux meubles utilisés pour ces enrochements pourront de plus servir de support et d'abris pour la faune aquatique lorsque les conditions hydrologiques du secteur deviendront plus favorables, à la suite de la mise en service de la nouvelle centrale. Le creusage des canaux d'amenée et de fuite occasionneront une augmentation du milieu aquatique d'environ 45 000 m².

L'aménagement du chemin d'accès aux ouvrages occasionnera toutefois un empiétement en eau d'environ 300 m² dans un petit marais situé au fond de la baie, en rive gauche, près du pont de la route 153. Ce site, localisé près d'une zone d'alevinage reconnue, peut être utilisé comme aire de frai par certaines espèces de poissons, dont la perchaude.

Au total, environ 4 800 m² de frayères connues et environ 300 m² d'aire de frai potentielle pour le poisson seront détruits de façon permanente à la suite de la réalisation du projet.

L'impact de la construction et de l'exploitation du projet sur l'habitat du poisson est considéré comme important et nécessite une autorisation 35(2) en vertu de la Loi sur les pêches (LP). En vertu du principe d'aucune perte nette préconisé par la Politique de gestion de l'habitat du poisson du MPO, ladite autorisation ne sera délivrée que si les pertes d'habitats sont compensées.

La mesure de compensation qui sera réalisée consiste en la création d'une frayère multispécifique (pour l'achigan à petite bouche, le doré jaune et les meuniers) en aval du barrage-poids gauche, et d'une aire de frai pour la perchaude dans le petit marais situé en rive gauche de la rivière, dans le bief amont.

La frayère créée en aval immédiat du barrage de Grand-Mère (environ 9 000 m²) sera composée de substrats rocheux de diamètres variables : entre 5 et 30 cm pour les besoins du doré et des meuniers; gros blocs de plus de 80 cm et particules fines d'environ 5 cm pour l'achigan à petite bouche. Le plateau formant cette nouvelle aire de frai sera creusé de cinq sillons rectilignes afin de fournir une meilleure variété de profondeur et de vitesse d'écoulement sur l'ensemble du site.

La frayère créée en amont de l'aménagement de Grand-Mère sera réalisée par la plantation d'arbustes (aulnes) à la base du remblai du chemin d'accès situé dans le marais, à une cote qui permettra leur submersion au printemps. Cet aménagement pourra être utilisé par la perchaude qui fraie dans de tels milieux.

Différentes mesures permettront de plus d'atténuer l'impact des travaux sur la qualité de l'eau et l'utilisation d'explosifs sera conforme aux directives visant la protection de la faune ichtyenne (Wright et Hopky, 1998).

7.3.1.1. Passe migratoire et dispositifs de retenue des poissons

Le paragraphe 20(1) de la LP indique que « le ministre peut décider qu'il est nécessaire que, dans l'intérêt public, certains obstacles soient munis d'une échelle à poisson ou passe migratoire ». La présence d'espèces migratrices dans un cours d'eau où il y a obstacle au déplacement du poisson peut motiver l'installation d'une telle structure.

L'anguille d'Amérique et l'ouananiche sont deux espèces migratrices susceptibles d'être retrouvées au site de Grand-Mère. L'incertitude liée à la présence d'une population d'anguilles dans le bief aval de l'aménagement et son absence en amont, le caractère occasionnel lié à la présence d'une population non indigène, soit l'ouananiche, dans le bief aval du même aménagement, et l'absence d'une préoccupation particulière à ce sujet de la part des autorités québécoises, gestionnaire de la ressource ichtyenne, font en sorte que, dans l'état actuel de nos connaissances, ces éléments ne justifient pas l'aménagement d'une passe migratoire permettant la montaison de ces espèces.

Par ailleurs, aucun dispositif de retenue de poissons n'a été prévu pour l'aménagement de Grand-Mère par le promoteur en raison : 1) de l'absence à ce site d'espèces pouvant effectuer des migrations; 2) de contraintes techniques liées aux forts débits de la centrale (débit d'équipement de 275 m³/s) occasionnant un colmatage très rapide de ces structures; et 3) à l'absence d'autres mesures d'évitement jugées vraiment efficaces à l'heure actuelle.

Le promoteur indique que l'impact de l'effet de l'entraînement des poissons dans les turbines est considéré comme faible étant donné qu'il n'y a pas d'espèces migratrices au site de l'aménagement. Les espèces résidentes quant à elles sont moins susceptibles d'être retrouvées à proximité des prises d'eau, car leur déplacement n'est pas lié à un phénomène de dévalaison inscrite dans leur cycle vital. On rapporte toutefois que des espèces résidentes, souvent des fretins, peuvent être entraînées dans les turbines.

Étant donné que les turbines de type Kaplan qui seront installées génèrent en moyenne moins de mortalité que les turbines de type Francis présentes actuellement, le nouvel aménagement n'occasionnera vraisemblablement pas un impact plus important que ce qui existe déjà en ce qui concerne la mortalité des poissons. L'impact du projet peut donc être considéré comme non important à ce sujet. 

7.3.2. Avifaune

Les impacts appréhendés sur l'avifaune forestière ne se manifesteront que dans la zone d'étude locale et sont essentiellement liés à la perte d'environ 15,5 ha de milieux forestiers requis pour la construction des nouveaux ouvrages (centrale et poste de départ), la mise en place des installations de chantier, la gestion des déblais de roche, et l'aménagement de chemins d'accès et d'emprises des lignes de transports d'énergie. Cette perte de couvert forestier est considérée par le promoteur comme relativement faible pour l'avifaune compte tenu de l'abondance de ce type d'habitat dans la région.

De plus, la faible abondance de milieux humides et la présence de rives escarpées font en sorte que la sauvagine est peu présente dans la zone d'étude locale et étendue. Considérant que les herbiers aquatiques présents dans la zone d'étude étendue seront vraisemblablement peu altérés par le déplacement des glaces, le promoteur mentionne qu'il y a tout lieu de croire que l'impact du projet sur la sauvagine sera également faible.

Le promoteur considère qu'aucun impact ne peut être attendu sur les colonies d'hirondelles des sables, étant donné que le secteur de la sablière susceptible d'abriter ces populations ne sera pas touché par le projet.

Selon le promoteur, l'effet du projet sur l'avifaune peut donc être considéré comme étant peu important.

Toutefois, étant donné que l'étude d'Hydro-Québec ne permet pas de connaître précisément les espèces présentes dans la zone affectée par les travaux (nouveaux ouvrages, chemins d'accès, lignes électriques et sites de déblais) et d'évaluer les impacts du projet sur l'avifaune, Environnement Canada demande que le promoteur réalise une série d'inventaires sur le terrain avant le début des travaux de manière à bien évaluer cet impact. Ces inventaires devront être réalisés au cours du mois de juin précédant les travaux.

Afin de minimiser les impacts sur la faune avienne, le promoteur devra limiter le plus possible le déboisement et réaliser les travaux (déboisement et aménagement des chemins d'accès, des sites de déblais et des lignes électriques) en dehors de la période de nidification des oiseaux (juin et juillet).

L'impact du projet sur l'avifaune pourra être considéré non important dans la mesure où le promoteur respecte les mesures d'atténuation ci-dessus mentionnées et que les résultats des inventaires qui seront réalisés ne feront état d'aucune espèce en difficulté ou d'intérêt particulier sur les plans socio-économique, culturel et scientifique.

Si, à la lumière de ces inventaires, on constate la présence de telles espèces, le promoteur devra alors proposer des mesures d'atténuation ou de compensation appropriées qui devront être jugées satisfaisantes par Environnement Canada. 

7.3.3. Végétation riveraine et aquatique

Le mouvement vertical des glaces, engendré par le nouveau mode de gestion hivernal proposé, n'est vraisemblablement pas susceptible d'occasionner d'effets environnementaux importants sur la végétation riveraine et aquatique.

Les espèces arbustives formant le pied de l'arbustaie riveraine pourront être altérées par le mouvement des glaces ce qui favorisera à long terme l'établissement d'espèces herbacées plus tolérantes aux variations du niveau d'eau.

Les plantes retrouvées dans la prairie humide et les herbiers émergents sont également susceptibles d'être affectées par l'érosion des glaces. Un tel impact peut survenir au printemps, lorsque la glace de rive se détache sous l'effet des vents, des tempêtes et des vagues et emporte des sédiments et une partie du système racinaire des plantes soudées à celle-ci. Un tel phénomène est déjà observable à chaque printemps dans la rivière Saint-Maurice et ne sera pas, selon le promoteur, amplifié par la nouvelle gestion hivernale proposée.

La profondeur d'enracinement des espèces retrouvées dans les herbiers aquatiques fera en sorte que ces milieux seront vraisemblablement peu touchés par le projet. Une étude réalisée dans le secteur de Gentilly indique que l'épaisseur des sédiments arrachés par les glaces demeure probablement faible en comparaison de la profondeur des plantes vivaces.

L'aménagement du chemin d'accès aux ouvrages occasionnera un empiétement de 0,03 ha d'un marais de 1,2 ha situé au fond de la baie en rive gauche en amont du déversoir existant alors que l'utilisation d'un site de dépôt des déblais d'excavation occasionnera le remblaiement d'un ancien marécage et d'un étang artificiel (0,5 ha) situé dans une sablière.

L'impact du projet sur la végétation riveraine et aquatique est considéré non important. Un suivi permettra de vérifier la justesse de ces prévisions .

7.3.3.1. Politique fédérale sur la conservation des terres humides

La politique fédérale sur la conservation des terres humides (PFCTH) a pour principal objectif de favoriser la conservation des terres humides en vue du maintien de leurs fonctions écologiques et socio-économiques pour le présent et pour l'avenir. La politique veut qu'il n'y ait aucune perte nette des fonctions des terres humides : 1) sur des terres et dans des eaux fédérales, 2) dans les secteurs influencés par la mise en œuvre de programmes fédéraux où la perte ou la dégradation des terres humides a atteint des proportions critiques; et 3) dans les secteurs où les activités fédérales influencent des terres humides désignées d'importance écologique ou socio-économique pour une région.

Les terres humides affectées par le projet de Grand-Mère ne rencontrent aucune des conditions ci-dessus mentionnées. Le promoteur respecte toutefois dans l'ensemble l'esprit de la Politique puisqu'il indique sa démarche ayant trait : 1) à l'évitement de tels milieux, 2) à l'atténuation des impacts inévitables, et 3) à la compensation des impacts résiduels, le cas échéant.

Petit marais en amont du barrage

L'analyse démontre que le promoteur a tenté d'éviter le plus possible l'empiétement du chemin d'accès dans le petit marais situé au sud de la route 153, mais que cet empiétement s'est révélé inévitable.

Pour ce qui est des mesures d'atténuation, le promoteur compte limiter la circulation dans ce secteur, effectuer un déboisement manuel du secteur, et installer un ponceau sous le chemin d'accès qui permettra de ne pas diminuer les apports d'eau du ruisseau qui alimente ce marais.

Il y aura de plus, plantation d'aulnes dans le bas du remblai du chemin d'accès de manière à favoriser le frai de la perchaude dans ce secteur. Cette mesure de compensation est jugée compatible avec le type d'habitat faunique potentiel du milieu et avec la fonction écologique du marais touché.

Pour ce qui est des autres fonctions potentielles (production de ressources renouvelables, habitats d'autres espèces fauniques, stockage de carbone organique, approvisionnement et épuration d'eau, conservation des sols, possibilités récréotouristiques, valeur scientifique, valeur esthétique), la petitesse du secteur touché (0,03 ha), fait en sorte que l'intensité de l'impact est nécessairement faible, surtout en bordure d'un cours d'eau de l'échelle du Saint-Maurice. Le MPO est d'accord avec cette argumentation.

Marécage inondé et étang dans le site de dépôt des déblais

L'analyse démontre que le choix de la zone de dépôt de déblais excédentaires de roches dans la sablière, comportant un marécage inondé et un étang (0,5 ha), constitue une solution de moindre impact comparativement à l'option d'entreposage en bordure de la rivière, étant donné la valeur des habitats qui y sont retrouvés.

Le promoteur indique qu'il a évité le remblayage du secteur nord de la sablière où l'on retrouve déjà des marécages arbustifs. La partie la plus à l'ouest de ces marécages sera toutefois remblayée. Ce petit marécage a déjà été altéré il y a quelques années à la suite de l'aménagement d'un chemin d'accès qui a bloqué le drainage naturel et augmenté le niveau d'eau dans celui-ci. La présence de végétation aquatique immergée et émergente à certains endroits fait que ce milieu peut avoir encore une fonction comme habitat faunique, même dans son état dégradé actuel. Ce milieu posséderait vraisemblablement peu d'autres fonctions. Il est à noter que ce marais n'est pas en communication avec la rivière Saint-Maurice.

La possibilité de préserver cette zone a été envisagée, mais elle n'a pas été retenue étant donné que sa préservation ferait en sorte que cette zone se retrouverait complètement ceinturée de talus de plus de 15 m de hauteur une fois l'aménagement de l'aire de dépôt terminé. Il en résulterait alors une excavation complètement isolée et de peu d'intérêt pour la faune.

Concernant les mesures d'atténuation applicables, le promoteur indique qu'il a tenté de minimiser le plus possible l'impact sur les terres humides et qu'il compte végétaliser la portion de talus aménagé qui bordera ces marécages, avec des arbustes qui feront une transition naturelle entre la zone des déblais et le milieu environnant. Des mesures additionnelles pourront également être proposées à la lumière des résultats de l'inventaire des oiseaux qui sera réalisé au cours du printemps 1999.

L'étang artificiel qui s'est constitué à la suite de l'excavation de sable sous le niveau de la nappe phréatique constitue un milieu perturbé et n'a fait l'objet d'aucune mesure d'atténuation ou de compensation particulière.

L'ensemble des autres terres humides

Tel que mentionné en début de section, les possibilités d'affecter les marais et milieux humides riverains le long du Saint-Maurice sont faibles. Un programme de suivi permettra de vérifier cette évaluation et d'atténuer ou de compenser les impacts, le cas échéant. Compte tenu du faible impact attendu à ce sujet, aucune mesure d'atténuation ou de compensation n'a donc été élaborée pour l'instant.

L'impact du projet sur les terres humides est jugé non important dans la mesure où le promoteur respecte les mesures d'atténuation ci-dessus mentionnées et que les résultats des inventaires de l'avifaune qui seront réalisés ne feront état d'aucune espèce en difficulté ou d'intérêt particulier sur les plans socio-économique, culturel et scientifique.

7.4 Effets des changements de l'environnement sur le patrimoine physique et culturel

L'impact du projet sur le potentiel archéologique peut être considéré comme non important, étant donné qu'aucun indice d'occupation préhistorique n'a été relevé et que les structures ou artéfacts relevés présentent peu d'intérêt sur le plan industriel, architectural ou patrimonial.

Dans le cas où des vestiges seraient mis au jour au cours du terrassement, des dispositions seront prises afin de protéger le site et les travaux seront suspendus jusqu'à ce que le ministère de la Culture et des Communications du Québec ait donné l'autorisation de les poursuivre. De plus, tel que le prévoit le Règlement sur la recherche archéologique, les artéfacts recueillis seront entreposés au Laboratoire d'archéologie du ministère de la Culture et des Communications du Québec.

La construction du nouvel aménagement hydroélectrique de Grand-Mère nécessitera toutefois l'arasement de l'évacuateur de crue et du déversoir existant ce qui fait en sorte qu'il y aura disparition d'une grande partie du plus grand barrage du Saint-Maurice. L'intérêt patrimonial et technologique des lieux sera également affaibli par la construction des nouveaux ouvrages à côté des éléments conservés de l'aménagement existant et suite aux activités visant à désaffecter, à démanteler et à retirer certaines composantes ou appareillages de la centrale. La désaffectation occasionnera par le fait même une perte de fonction de l'installation existante.

Selon l'évaluation du promoteur, l'importance de l'impact du projet sur le patrimoine bâti et technologique est considérée comme forte (importante au sens de la LCÉE) en raison de la perte de fonction du bâtiment et de la démolition des ouvrages d'évacuation. Il indique toutefois que l'arasement des ouvrages d'évacuation constitue une perte moins importante au regard du patrimoine bâti et technologique régional que la désaffectation de la centrale.

Si on se réfère à la définition des termes utilisés par le promoteur pour analyser les impacts du projet, il est indiqué qu'un impact est qualifié de forte intensité si, tel que c'est le cas pour la désaffectation de la centrale de Grand-Mère, elle affecte ou limite de manière importante et irréversible l'usage d'une composante. En tenant compte de la valeur de la composante et de l'étendue et de la durée de l'impact, l'utilisation de la grille de détermination de l'importance des impacts conduit à un impact fort et ce, malgré l'adoption de différentes mesures d'atténuation. Selon la méthodologie utilisée, la perte de fonction de l'ancienne centrale ne peut en effet être atténuée.

Le patrimoine bâti et technologique devra faire l'objet de mesures d'atténuation spécifiques visant à préserver sa valeur.

Différentes mesures d'atténuation ont été proposées par le promoteur afin de protéger et de mettre en valeur le patrimoine bâti, technologique et historique. Les principales sont les suivantes :

  • favoriser la conservation in situ de certaines pièces d'équipement et d'appareillage en fonction de leur intérêt patrimonial ou les entreposer de manière appropriée le cas échéant. Le promoteur a ainsi prévu de conserver une quarantaine de composantes de la centrale existante qui présentent un intérêt au sein de sa collection;
  • enregistrer les opérations de démantèlement d'un équipement ou d'une installation patrimoniale (photographies et notes techniques) et prises de photo aérienne des évacuateurs de crues et du déversoir au cours de leur arasement;
  • favoriser un usage polyvalent du bâtiment qui altérera le moins possible la qualité architecturale du lieu;
  • favoriser une intégration architecturale des anciens et des nouveaux éléments; et
  • former un comité, constitué de représentants d'Hydro-Québec et du milieu, qui conviendra de la réutilisation du bâtiment existant et d'un mode de mise en valeur de l'appareillage désaffecté, ce qui contribuera à préserver le patrimoine industriel de la région.

En plus de ces mesures d'atténuation, Parcs Canada recommande de commanditer une production vidéo qui illustrerait le fonctionnement complet de la centrale (depuis la technologie jusqu'au maintien) à l'aide d'un commentaire guidé ou d'explications schématiques, de même que le maintien d'un des six groupes de turbines en place, afin de conserver in situ un témoin de la production passée.

Le MPO est d'avis que le respect des mesures d'atténuation proposées concernant la préservation ou l'enregistrement des biens patrimoniaux existants, de même que la préservation du bâtiment et la concertation du milieu en vue de la détermination de la vocation de la centrale existante, sont des mesures satisfaisantes qui permettront d'atténuer l'impact causé par la perte de fonction de la centrale actuelle et de l'arasement de certains ouvrages connexes sur le patrimoine bâti. L'impact résiduel sur la valeur patrimoniale est donc jugé non important après atténuation.

La préservation du bâtiment de la centrale existante est positive dans la mesure où le site conservera les caractéristiques d'une installation hydroélectrique d'intérêt exceptionnel. De plus, les nouveaux ouvrages ne devraient pas altérer de façon importante l'intérêt patrimonial du site hydroélectrique de Grand-Mère en raison de la distance qui les séparera des ouvrages conservés et de la préoccupation du promoteur à ce sujet.

7.5. Effets des changements de l'environnement sur la santé humaine

Le projet n'est pas susceptible de causer d'impact sur la santé humaine. Le projet n'occasionnera pas de modification de la qualité de l'eau et il n'y aura pas remise en suspension de sédiments démontrant un dépassement de critère de sécurité pour le plomb et le mercure.

7.6. Effets des changements de l'environnement sur la situation socio-économique

7.6.1. Économie et emploi

Les travaux de construction du nouvel aménagement occasionneront des retombées régionales estimées à 115 millions de dollars, soit environ 34 % du coût total des travaux d'aménagement, de même que la création d'emploi évaluée à environ 1 000 années-personnes dans la région pendant la durée du projet. Il s'agit d'un impact positif important.

7.6.2. Récréotourisme

Le nouveau mode d'exploitation hivernal de la centrale occasionnera dans les biefs amont des centrales de Grand-Mère, de Shawinigan et de La Gabelle, la formation de fissures et de bourrelets de glace le long des berges qui pourrait diminuer l'accessibilité au centre de la rivière pour la pratique d'activités hivernales (motoneige, VTT, patinage, ski de randonnée, marche, course automobile, etc.), l'accessibilité aux résidences secondaires situées sur des îles, de même que rendre moins attrayants les sites de pêche situés près des rives.

Les variations du niveau d'eau et la présence d'une couverture de glace irrégulière empêcheront la pratique de telles activités dans les tronçons d'eau vive situés en aval des centrales de Grand-Mère et Shawinigan. Toutefois, ces secteurs sont présentement peu utilisés pour les activités récréatives hivernales.

De plus, il ne sera plus possible de rejoindre le sentier de motoneige (no 347) à partir du point d'accès situé en rive gauche, en amont du déversoir existant, étant donné que la couverture de glace sera dorénavant instable dans ce secteur.

Afin d'atténuer ces impacts, le promoteur indique qu'il compte convenir avec les autorités concernées d'un transfert de la piste de motoneige afin de permettre l'accès au plan d'eau en rive gauche à partir du réseau local de même que d'instaurer des mesures nécessaires pour maintenir l'accès à la rivière pour la pratique de la motoneige et du VTT durant la saison hivernale et ce, dès la première année d'exploitation.

Il indique de plus, qu'il ajustera le mode de production en pointe horaire de façon à favoriser la stabilité du couvert de glace, mais qu'il ne pourra assurer un accès sécuritaire à la rivière dans les zones d'eau vive, pas plus qu'il ne peut le faire aujourd'hui.

Le promoteur procédera à l'installation d'une estacade hivernale à l'amont des rapides des Hêtres de façon à améliorer la formation de la couverture de glace et sa stabilité et éviter ainsi la formation d'embâcle dans le secteur des rapides des Hêtres. Il y aura également mise en place d'un système de signalisation des zones à risques et information de la population sur le déroulement des travaux et les nouvelles conditions qui prévaudront sur la rivière.

L'instauration d'un système de surveillance de la couverture de glace lui permettra de déterminer si des correctifs doivent être apportés au mode d'exploitation ou aux ouvrages de manière à atteindre l'objectif de compatibilité de gestion des centrales avec l'usage récréotouristique de la rivière. Il est à noter que le promoteur s'est engagé à prendre les mesures nécessaires pour maintenir l'accessibilité à la couverture de glace au centre de la rivière.

Le MPO juge que l'impact du projet sur l'accessibilité sera non important, étant donné que des mesures d'atténuation pourront être développées avec le milieu et que ces mesures pourront être bonifiées à la lumière des enseignements des programmes de suivi qu'il réalisera sur les glaces et sur l'usage du Saint-Maurice à des fins récréotouristiques.

On doit de plus souligner que le bief amont de La Gabelle est déjà soumis à des marnages hivernaux d'environ un mètre d'amplitude qui sont responsables de la formation de bourrelets de glace et de fissures le long des rives et que des activités de pêches et de motoneige (piste Trans-Québec no 3) se pratiquent présentement dans ce secteur. La fluctuation du niveau d'eau en période hivernale ne constitue donc pas une nouvelle condition à laquelle la population n'a jamais été confrontée.

Il est possible que ces marnages occasionnent toutefois certains réajustements pour la pratique de ces activités, mais ces changements seront vraisemblablement peu importants compte tenu de l'existence de conditions similaires déjà existantes dans le secteur de l'aménagement de La Gabelle et des mesures d'atténuation et de suivi qui sont prévues à cet effet.

En ce qui a trait aux activités estivales, mentionnons que le transfert de la centrale en rive gauche occasionnera des changements hydrologiques qui pourront affecter les emplacements de pêche actuellement utilisés en aval immédiat de l'aménagement. Certains sites de pêche disparaîtront alors que de nouveaux seront créés. Il y aura transfert du chemin de portage et construction d'une rampe de mise à l'eau à proximité de la future centrale de manière à compenser la perte d'accès au plan d'eau due à la construction de cette nouvelle infrastructure. Cet aménagement pourra contribuer au développement récréotouristique local, car il n'existe en ce moment aucun accès aménagé en rive gauche dans ce secteur. 

7.6.3. Utilisation du sol

La seule source d'impact identifiée, touchant l'utilisation projetée du sol, est le changement de vocation de la centrale désaffectée.

Un comité mixte formé d'Hydro-Québec, de représentants du milieu, de la municipalité de Grand-Mère et de la société Abitibi-Consolidated, étudie présentement l'utilisation à d'autres fins de la centrale existante (utilisation éducative et culturelle, utilisation industrielle ou espaces à bureaux).

Selon une étude réalisée par le promoteur et traitant de la polyvalence du site (Tecsult, 1996), l'utilisation commerciale ou résidentielle de la centrale ne peut être envisagée compte tenu de différents facteurs, tels la qualité de vie, les coûts importants de reconversion du bâtiment, les problèmes d'accès et de stationnement et l'isolement du site.

Des différentes options étudiées, seule l'utilisation commerciale du site pourrait occasionner la modification du bâtiment et risquerait de modifier ses caractéristiques architecturales et sa valeur patrimoniale. Une telle utilisation est toutefois peu probable étant donné les contraintes précédemment citées.

L'utilisation éducative ou culturelle du site semble présenter quant à elle peu d'intérêt étant donné le contexte socio-économique actuel, les contraintes liées à l'accès au bâtiment et au coût de la réfection du lieu, et le fait que les équipements régionaux existants sont suffisants.

Selon cette même étude, l'utilisation industrielle du bâtiment comme site d'entreposage serait l'option la plus avantageuse.

Selon le promoteur, l'impact de la préservation du bâtiment désaffecté et son usage à d'autres fins que la production hydroélectrique pourra être considéré comme nul dans l'éventualité où la nouvelle vocation de la centrale n'occasionnerait aucune modification du plan de zonage, ni d'augmentation de la circulation sur la propriété de la papetière qui doit être traversée pour rejoindre le bâtiment existant.

Il est peu probable que les options mentionnées, quant aux usages futurs de la centrale existante, occasionneront des effets importants sur l'utilisation du territoire. On peut de plus penser que la présence de représentants de la papetière au sein du comité mixte formé pour décider du sort de la centrale pourra faire en sorte que cette entreprise sera en mesure de faire valoir son point de vue si des impacts négatifs importants sont attendus sur l'utilisation du site.

Il est à noter toutefois que l'évaluation des impacts des projets associés au futur changement de vocation du lieu ne fait pas partie de la portée de la présente étude, étant donné que le choix de vocation future de la centrale existante n'est pas lié à l'autorisation du nouvel aménagement. Le projet qui sera retenu constitue donc un projet distinct au sens de la LCÉE, car il n'y a pas d'interdépendance ni lien entre le projet du nouvel aménagement et celui de la future vocation de la centrale existante. Il y aurait interdépendance si le projet principal ne pouvait être mené à bien sans entreprendre un autre ouvrage ou une autre activité concrète, ce qui n'est pas le cas présentement. De plus, il n'y a pas de lien entre les deux projets car la décision d'entreprendre l'exécution du projet principal ne rend pas inévitable l'exécution d'autres ouvrages ou activités. En fait, le sort de la centrale existante pourra être déterminé bien au-delà de la décision d'autoriser ou non le projet.

L'impact de la vocation future de la centrale sur l'utilisation du sol est donc considéré comme indépendant du projet actuellement évalué. L'option d'utilisation qui sera retenue devra cependant altérer le moins possible la qualité architecturale de la centrale et elle devra être soumise aux procédures d'évaluation prévues selon la nature du projet qui sera présenté. 

7.6.4. Qualité de vie

La répercussion du projet sur la qualité de vie est jugée non importante. Un suivi est d'ailleurs prévu afin de vérifier les prévisions de l'étude d'impact et le respect des normes en vigueur en ce qui a trait à l'ambiance sonore.

7.7. Effets des changements de l'environnement sur l'utilisation traditionnelle courante des terres et des ressources par les autochtones

Le projet n'est pas susceptible de causer un impact sur ce plan étant donné qu'il n'y a aucune utilisation du territoire par les communautés autochtones dans le secteur et que le site des travaux ne fait pas partie du territoire revendiqué par le Conseil de la Nation des Atikamekw. 

7.8. Effet de l'environnement sur le projet

Des événements naturels tels que des tremblements de terre ou de fortes crues ont été pris en compte par le promoteur lors de la conception des différents aménagements (voir section 7.9). Les zones susceptibles d'être inondées suite à la rupture du barrage de Grand-Mère, concurrente aux ruptures des barrages situés en amont, sont indiqués au tableau 3 du complément du rapport d'avant-projet produit par le promoteur.

Le nouvel aménagement est de plus conçu pour que tout débit de crue exceptionnel puisse franchir les ouvrages d'évacuation avec un niveau d'eau à l'amont de la centrale qui reste égale ou inférieur à celui de l'aménagement existant et ce, même sous une crue déca-millénaire (9 480 m³/s) ou sous la crue maximale probable (12 350 m³/s). 

7.9. Impacts causés par des accidents ou des défaillances

La rupture ou le débordement d'un batardeau, provoqués par une crue plus importante que la crue de conception, la rupture totale ou partielle d'un barrage due à l'usure du temps ou à des effets externes, tels un tremblement de terre ou une activité sismique attribuable à des coups de charge ou de crue, et le déversement de produits pétroliers ou autres substances lors de travaux de construction, sont les principaux incidents ou défaillances associés au projet.

La principale mesure de précaution relative à la construction des batardeaux est le fait que les critères de conception tiennent compte de la durée d'utilisation de chacun d'eux. Plus leur durée d'utilisation est grande, plus la récurrence de crue qui conditionne leur conception sera grande également.

Le débordement ou la rupture des batardeaux auront pour conséquences d'emporter vers l'aval les matériaux utilisés pour leur construction (sables, bois et terre) de même que des équipements légers. Ces derniers seront dans la mesure du possible récupérés après la crue. Sur le plan de la sécurité, un comité nommé « urgence-barrage » décidera de l'évacuation du chantier de façon préventive ou urgente selon le cas. Des mesures d'interventions permettront, si le temps le permet, de limiter les impacts dans le milieu.

Compte tenu de la nature des impacts attendus et des très faibles risques de débordement, la rupture ou la défaillance des ouvrages de dérivation ne devraient pas avoir de conséquences environnementales importantes.

Le chapitre 1.3.4.1 du complément du rapport d'avant-projet indique l'évaluation des impacts d'une rupture de barrages sur la rivière Saint-Maurice. Élaborée à partir de trois scénarios, il s'agit du pire des cas possibles et c'est sur cette base que les plans d'urgence ont été élaborés.

Selon un tel scénario, il appert que la rupture du barrage Gouin et de ceux situés en aval touchera 45 000 personnes et occasionnera notamment la perte de biens culturels et historiques, la perturbation de services municipaux et publics (réseaux d'aqueducs, routiers, de télécommunications et d'énergie électrique), des pertes commerciales et industrielles, des pertes de revenus d'emploi et de biens personnels, de même que des effets sur le milieu physique (érosion des rives, augmentation de la vitesse d'écoulement de l'eau et rupture du couvert de glace). Les zones susceptibles d'être inondées sont indiquées au tableau 3 du complément du rapport d'avant-projet produit par le promoteur.

Sur le plan de la prévention, il est mentionné que le barrage de Grand-Mère continuera, même après sa reconstruction, de jouir du degré de surveillance le plus élevé. La fréquence des inspections sera mensuelle jusqu'à la stabilisation du comportement de l'ouvrage. De plus, la fréquence des relevés de l'instrumentation sera doublée par rapport à celles d'un aménagement dont le comportement est connu.

Le promoteur décrit son plan d'urgence relatif à un tel incident au chapitre 4.6 du volume 1 du rapport d'avant-projet. On y retrouve le schéma décisionnel en situation d'urgence, la mention des fonctions du centre de coordination des urgences et de documents relatifs à de telles interventions. Des pratiques d'intervention concernant le déversement de produits pétroliers et la gestion de déchets et de sols contaminés sont également mentionnées.

Le MPO considère comme satisfaisant l'identification des impacts à ce sujet de même que les mesures de prévention, d'intervention et les plans d'urgence qui y sont proposés. 

7.10. Effets du projet sur les ressources renouvelables

Le projet n'est pas susceptible d'occasionner d'effets importants sur les ressources renouvelables que constituent l'eau, la forêt, les pêcheries et le sol.

Il n'y aura pas de changement du bilan journalier de débit de la rivière et la qualité de l'eau ne sera pas altérée par la gestion de la nouvelle centrale. La forêt sera affectée d'une façon minimale car une très petite superficie (15 ha) de bois de faible valeur commerciale sera touchée. Les pêcheries ne seront pas touchées étant donné qu'une mesure de compensation remplacera les frayères perdues suite à la réalisation projet. Les sols touchés par les travaux sont qualifiés de pauvres et ne possèdent aucune valeur agricole.

En fait, le remplacement d'une centrale et des ouvrages jugés vétustes permettra d'augmenter la puissance installée de 70 MW à un site déjà existant, ce qui constitue un gain du point de vue du développement durable, car cela permet une exploitation plus efficace d'un aménagement existant avant de considérer l'aménagement de nouveaux sites.

7.11. Effets cumulatifs

Cette section se veut un résumé de la partie 2 du complément du rapport d'avant-projet traitant de l'évaluation des effets cumulatifs qui résulteront de la réalisation du nouvel aménagement hydroélectrique de Grand-Mère. La méthode utilisée et le traitement de ces effets sont en accord avec les exigences de la LCÉE à ce sujet.

Cinq enjeux principaux, ainsi que les composantes du milieu qui leur sont associées, ont été identifiés par le promoteur après consultation avec le MPO et l'ACÉE. Il sont discutés ci-dessous. Les limites de la zone d'étude des effets cumulatifs sont définies au nord par la municipalité de La Tuque et au sud par l'embouchure du Saint-Maurice. Les limites temporelles ont été fixées entre 1989 et 2004, soit dix ans avant jusqu'à dix ans après la construction du nouvel aménagement. 

7.11.1. Patrimoine physique et culturel

L'impact du projet de Grand-Mère sur le patrimoine physique et culturel s'ajoute aux projets de modernisation des équipements le long du Saint-Maurice et à l'évolution du secteur industriel lui-même (p. ex. l'abandon du flottage) qui ont un effet cumulatif sur le patrimoine industriel de la région. Selon le promoteur, ces projets ont un impact fort sur le patrimoine bâti et technologique de la région.

En contrepartie, de nombreux projets, tels le Centre d'interprétation de l'industrie forestière à Grandes-Piles (drave et flottage du bois), la Cité de l'énergie à Shawinigan (hydroélectricité), le Centre d'interprétation de Saint-Étienne-des-Grès (patrimoine historique de la centrale de La Gabelle), et la préservation des composantes ayant une valeur patrimoniale dans les aménagements hydroélectriques déjà réhabilités par Hydro-Québec (La Gabelle, Shawinigan et La Tuque), contribuent à la mise en valeur du patrimoine industriel de la Mauricie.

La politique d'Hydro-Québec et les mesures d'atténuation proposées par celle-ci concernant la protection et la mise en valeur du patrimoine bâti, ainsi que la volonté du promoteur de collaborer à la détermination de la nouvelle vocation du bâtiment et de convenir d'un mode de mise en valeur de l'appareillage désaffecté, contribueront également à préserver le patrimoine industriel de la région et de faire en sorte d'assurer que cet impact demeure le plus faible possible dans les circonstances.

Le MPO est également d'avis que cet impact est non important, au sens de la LCÉE, étant donné les mesures d'atténuations précédemment mentionnées (voir section 7.4). 

7.11.2. Récréotourisme

Les effets cumulatifs des différents projets du milieu contribuant à améliorer les infrastructures nautiques (agrandissement, ajout et consolidation de marina et de rampes de mises à l'eau) et la qualité du milieu en vue de faciliter la pratique des activités nautiques (assainissement des eaux, nettoyage des rives et cessation du flottage) favoriseront une augmentation de l'usage récréotouristique du corridor du Saint-Maurice. L'augmentation des activités estivales devrait également augmenter par effet d'entraînement les activités hivernales étant donné le développement de l'infrastructure d'accueil ainsi engendré.

Tel que mentionné précédemment (section 7.6.2), l'impact du projet de Grand-Mère sur les activités récréotouristiques pourrait se traduire par une difficulté d'accès à la rivière à la suite de la modification du régime des glaces due à la nouvelle gestion de pointe de la centrale. Au fil des ans, le projet de Grand-Mère pourrait ainsi entraîner des effets cumulatifs si les difficultés d'accès étaient telles qu'elles diminuaient le pouvoir d'attraction de la rivière auprès des villégiateurs.

Le promoteur conclut que les impacts cumulatifs du projet de Grand-Mère sur le récréotourisme seront négligeables dans le cas où les mesures d'atténuation seront efficaces et que la population réagira favorablement aux nouvelles conditions d'accès. De fait, il indique que la réalisation d'un programme de suivi et l'adoption de mesures d'atténuation, élaborées en concertation avec le milieu, assureront un impact résiduel faible.

Compte tenu des engagements du promoteur concernant le maintien de l'accessibilité au couvert de glace au centre de la rivière, qu'il existe présentement dans la région (secteur La Gabelle) des bourrelets et des fissures le long des rives qui n'empêchent pas la pratique d'activités hivernales, et que des mesures d'atténuation et un suivi seront réalisés à ce sujet, le MPO considère que l'impact cumulatif du projet sur le récréotourisme est non important. 

7.11.3. État des berges

Tel que mentionné précédemment (section 7.2), l'impact du projet de Grand-Mère sur l'érosion des berges est considéré comme faible. Une augmentation possible de l'érosion pourra toutefois se manifester dans certains secteurs déjà fortement érodés tel qu'au pied de talus très instables.

En considérant d'autres sources d'érosion que sont l'arrêt du flottage du bois et l'augmentation concurrente de l'activité nautique, le promoteur a déterminé que les effets cumulatifs pourraient se faire surtout sentir dans le bief situé à l'amont de l'aménagement de Grand-Mère et, dans une moindre mesure, dans les biefs situés à l'amont et à l'aval du complexe de Shawinigan et dans le bief situé à l'amont de l'aménagement de La Gabelle.

Le MPO considère que la mise en œuvre de mesures d'atténuation et d'un programme de suivi rigoureux fera toutefois en sorte que les impacts cumulatifs résiduels sur l'érosion des berges seront négligeables. 

7.11.4. Habitat du poisson

Différents types de projets (remblayage, modification hydrodynamique, dragage, etc.) sont susceptibles de causer une perte d'habitat du poisson et demandent de ce fait une compensation, afin de respecter le principe d'aucune perte nette de l'habitat, tel qu'énoncé dans la Politique de gestion de l'habitat du poisson du MPO.

Dans son analyse des effets cumulatifs sur l'habitat du poisson, le promoteur n'a mentionné que les projets pour lesquels de telles compensations ont été demandées. Il s'agit en l'occurrence des projets d'aménagements hydroélectriques de La Gabelle et du présent projet de Grand-Mère pour lesquels des frayères seront recréées.

Dans le cas du projet de Grand-Mère, des herbiers aquatiques et des marais, susceptibles de posséder des frayères en eau calme et des aires d'alevinages , pourraient subir les effets négatifs des marnages hivernaux et de l'action des glaces, occasionnés par la nouvelle production de pointe de la centrale. La fréquentation accrue du plan d'eau par les motos marines dans des zones peu profondes utilisées pour le frai pourrait également perturber cette activité.

Étant donné que la perte d'habitat attribuable au projet est compensée par la création de nouvelles aires de frai et qu'un programme de suivi de la végétation riveraine et aquatique permettra de vérifier la justesse des prévisions (c.-à-d. impact sur l'habitat du poisson considéré comme faible), le MPO est d'avis que le projet ne devrait pas causer d'effets cumulatifs importants sur l'habitat du poisson.

7.11.5. Gestion des déblais

En considérant que la quantité de déblais de roches excavée (500 000 m³) pourrait subvenir aux besoins locaux pour une période de dix ans, si les conditions du marché demeurent inchangées, Hydro-Québec a évalué la possibilité de récupérer ces déblais et de les utiliser dans une perspective de développement durable. Toutefois, cette alternative risque de causer des préjudices sérieux aux carrières existantes de même que des impacts importants sur l'ambiance sonore dans les quartiers résidentiels avoisinants, et sur l'état des routes suite au concassage et au transport de ces matériaux. De plus, ces impacts sont jugés plus importants que ceux présentement engendrés par l'exploitation des deux carrières existantes. C'est pourquoi le promoteur a choisi d'enfouir les déblais excédentaires dans la sablière d'Excavation Gaston Trépanier.

Le MPO est d'avis que les effets cumulatifs de la gestion des déblais de roche occasionnés par le projet de Grand-Mère sont négligeables.